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LIVRE CINQUIÈME.

EXISTENCE DE DIEU PROUVÉE PAR LES MERVEILLES DE LA NATURE.




CHAPITRE PREMIER.

Chronologie.



Un des principaux dogmes chrétiens nous reste encore à examiner : l’état des peines et des récompenses dans l’autre vie. Mais on ne peut traiter cet important sujet sans parler d’abord des deux colonnes qui soutiennent l’édifice de toutes les religions : l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme.

Nous sommes, d’ailleurs, appelés à cette étude par le développement naturel de notre matière, puisque ce n’est qu’après avoir suivi la foi ici-bas qu’on peut l’accompagner à ces tabernacles où elle s’envole en quittant la terre. Toujours fidèle à notre plan, nous écarterons des preuves de l’existence de Dieu et de l’immortalité de l’âme les idées abstraites, pour n’employer que les raisons poétiques et les raisons de sentiment, c’est-à-dire les merveilles de la nature et les évidences morales. Platon et Cicéron chez les anciens, Clarke et Leibnitz chez les modernes, ont prouvé métaphysiquement, et presque géométriquement, l’existence du souverain Être[1] ; les plus grands génies dans tous les siècles ont admis ce dogme consolateur. Que s’il est rejeté par quelques sophistes, Dieu peut bien exister sans leur suffrage. La mort seule, à quoi les athées veulent tout réduire, a besoin qu’on écrive en faveur de ses droits, car elle a peu de réalité pour l’homme. Laissons-lui donc ses déplorables partisans, qui, d’ailleurs, ne s’entendent pas même entre eux ; car si les hommes qui croient à la Providence s’accordent sur les chefs principaux de leur doctrine, ceux, au contraire, qui nient le Créateur ne cessent de se disputer sur les bases

  1. Voyez la note XI, à la fin du volume.