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LIVRE QUATRIÈME.

SUITE DES VÉRITÉS DES ÉCRITURES. OBJECTIONS CONTRE LE SYSTÈME DE MOÏSE.




CHAPITRE PREMIER.

Chronologie.



Depuis que quelques savants ont avancé que le monde portoit dans l’histoire de l’homme, ou dans celle de la nature, des marques d’une trop grande antiquité pour avoir l’origine moderne que lui donne la Bible, on s’est mis à citer Sanchoniathon, Porphyre, les livres sanscrits, etc. Ceux qui font valoir ces autorités les ont-ils toujours consultées dans leurs sources ?

D’abord, il est un peu téméraire de vouloir nous persuader qu’Origène, Eusèbe, Bossuet, Pascal, Fénelon, Bacon, Newton, Leibnitz, Huet, et tant d’autres, étaient ou des ignorants, ou des simples, ou des pervers parlant contre leur conviction intime. Cependant, ils ont cru à la vérité de l’histoire de Moïse, et l’on ne peut disconvenir que ces hommes n’eussent une doctrine auprès de laquelle notre érudition est bien peu de chose.

Mais, pour commencer par la chronologie, les savants modernes ont donc dévoré, en se jouant, les insurmontables difficultés qui ont fait pâlir Scaliger, Peteau, Usher, Grotius. Ils riroient de notre ignorance si nous leur demandions quand ont commencé les olympiades ; comment elles s’accordent avec les manières de compter par archontes, par éphores, par édiles, par consuls, par règnes, jeux pythiques, néméens, séculaires ; comment se réunissent tous les calendriers des nations ; de quelle manière il faut opérer pour faire tomber l’ancienne année de Romulus, de dix mois, et de 354 jours, avec l’année de Numa, de 355 jours, et celle de Jules César, de 365 ; par quel moyen on évitera les erreurs, en rapportant ces mêmes années à la commune année attique de 354 jours, et à l’année embolismique de 384 jours ?