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— Défense du Génie du Christianisme

(On sent bien que les critiques dont il est question dans la Défense ne sont pas ceux qui ont mis de la décence ou de la bonne foi dans leurs censures : à ceux-là je ne dois que des remerciements.)

Il n’y a peut-être qu’une réponse noble pour un auteur attaqué, le silence : c’est le plus sûr moyen de s’honorer dans l’opinion publique.

Si un livre est bon, la critique tombe ; s’il est mauvais, l’apologie ne le justifie pas.

Convaincu de ces vérités, l’auteur du Génie du Christianisme s’était promis de ne jamais répondre aux critiques : jusqu’à présent il avait tenu sa résolution.

Il a supporté sans orgueil et sans découragement les éloges et les insultes : les premiers sont souvent prodigués à la médiocrité, les secondes au mérite.

Il a vu avec indifférence certains critiques passer de l’injure à la calomnie, soit qu’ils aient pris le silence de l’auteur pour du mépris, soit qu’ils n’aient pu lui pardonner l’offense qu’ils lui avaient faite en vain.

Les honnêtes gens vont donc demander pourquoi l’auteur rompt le silence, pourquoi il s’écarte de la règle qu’il s’était prescrite ?

Parce qu’il est visible que, sous prétexte d’attaquer l’auteur, on veut maintenant anéantir le peu de bien qu’a pu faire l’ouvrage.

Parce que ce n’est ni sa personne ni ses talents, vrais ou supposés, que l’auteur va défendre, mais le livre lui-même ; et ce livre, il ne le défendra pas comme ouvrage littéraire, mais comme ouvrage religieux.

Le Génie du Christianisme a été reçu du public avec quelque indulgence.