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brièveté ? Je n’ai vu qu’une douzaine d’articles, mais je n’y ai rien trouvé de tout cela. » (22 décembre 1756.)

Page 62. « Je cherche, dans les articles dont vous me chargez, à ne rien dire que de nécessaire, et je crains de n’en pas dire assez ; d’un autre côté, je crains de tomber dans la déclamation.

« Il me paroît qu’on vous a donné plusieurs articles remplis de ce défaut ; il me revient toujours qu’on s’en plaint beaucoup. Le lecteur ne veut qu’être instruit, et il ne l’est point du tout par les dissertations vagues et puériles, qui pour la plupart renferment des paradoxes, des idées hasardées, dont le contraire est souvent vrai, des phrases ampoulées, des exclamations qu’on siffleroit dans une académie de province. » (29 décembre 1757.)

D’Alembert, dans le discours à la tête du troisième volume de l’Encyclopédie, et Diderot, dans le cinquième volume, article Encyclopédie, ont fait eux-mêmes la satire la plus amère de leur ouvrage.

NOTE II, page 34.

Il est curieux de rapprocher de ce fragment de VApologie de saint Justin le tableau des mœurs des chrétiens que l’on trouve dans la fameuse lettre de Pline le jeune à Trajan.’Cette lettre, ainsi que la réponse de l’empereur, prouve que l’innocence des chrétiens étoit parfaitement reconnue et que leur foi étoit leur seul crime. On y voit aussi la merveilleuse rapidité de la propagation de l’Évangile, puisque dès lors dans une partie de l’empire les temples étoient presque déserts. Pline écrivoit cette lettre un an ou deux après la mort de saint Jean l’Êvangéliste, et environ quarante ans avant que saint Justin publiât son Apologie.

Quoique cette lettre soit extrêmement connue, on a cru qu’il ne serait pas hors de propos de l’insérer ici.

Pline, proconsul dans la Bithynie et le Pont, à Vempereur Trajan. a Je me fais une religion, seigneur, de vous exposer mes scrupules ; car qui peut mieux me déterminer ou m’instruire ? Je n’ai jamais assisté à l’instruction et au jugement du procès d’aucun chrétien : ainsi, je ne sais sur quoi tombe l’information que l’on fait contre eux, ni jusqu’oi>on doit porter leur punition. J’hésite beaucoup sur la différence des âges. Faut-il les assujettir tous à la peine, sans distinguer les plus jeunes des plus âgés ? Doit-on pardonner à celui qui se repent ? ou est-il inutile de renoncer au christianisme quand une fois on l’a embrassé ? Est-ce le nom seul que l’on punit en eux, ou sont-ce les crimes attachés à ce nom ? Cependant, voici la règle que j’ai suivie dans les accusations intentées deant moi contre les chrétiens. Je les ai interrogés s’ils étoient chrétiens : ceux qui l’ont avoué, je les ai interrogés une seconde et une troisième fois, et les ai menacés du supplice. Quand