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R) Je m’approcherai de l’autel de Dieu, du Dieu qui réjouit ma jeunesse.

V) Je chanterai vos louanges sur la harpe, ô Seigneur ! Mais, mon âme, d’où vient ta tristesse, et pourquoi me troubles-tu ?

R) Espérez en Dieu, etc.

Ce dialogue est un véritable poème lyrique entre le prêtre et le catéchumène : le premier, plein de jours et d’expérience, gémit sur la misère de l’homme pour lequel il va offrir le sacrifice ; le second, rempli d’espoir et de jeunesse, chante la victime par qui il sera racheté.

Vient ensuite le Confiteor, prière admirable par sa moralité. Le prêtre implore la miséricorde du Tout-Puissant pour le peuple et pour lui-même.

Le dialogue recommence.

V) Seigneur, écoutez ma prière !

R) Et que mes cris s’élèvent jusqu’à vous.

Alors le sacrificateur monte à l’autel, s’incline, et baise avec respect la pierre qui dans les anciens jours cachait les os des martyrs.

Souvenir des catacombes.

En ce moment le prêtre est saisi d’un feu divin : comme les prophètes d’Israël, il entonne le cantique chanté par les anges sur le berceau du Sauveur, et dont Ezéchiel entendit une partie dans la nue.

" Gloire à Dieu dans les hauteurs du ciel, et paix aux hommes de bonne volonté sur la terre ! Nous vous louons, nous vous bénissons, nous vous adorons, Roi du ciel, dans votre gloire immense ! etc. "

L’épître succède au cantique. L’ami du Rédempteur du monde, Jean, fait entendre des paroles pleines de douceur, où le sublime Paul, insultant à la mort, découvre les mystères de Dieu. Prêt à lire une leçon de l’Evangile, le prêtre s’arrête et supplie l’Eternel de purifier ses lèvres avec le charbon de feu dont il toucha les lèvres d’Isaïe. Alors les paroles de Jésus-Christ retentissent dans l’assemblée : c’est le jugement sur la femme adultère ; c’est le Samaritain versant le baume dans les plaies du voyageur ; ce sont les petits enfants bénis dans leur innocence.

Que peuvent faire le prêtre et l’assemblée, après avoir entendu de telles paroles ? Déclarer sans doute qu’ils croient fermement à l’existence d’un Dieu qui laissa de tels exemples à la terre. Le symbole de la foi est donc chanté en triomphe. La philosophie, qui se pique d’applaudir aux grandes choses, aurait dû remarquer que c’est la première fois que tout un peuple a professé publiquement le dogme de l’unité d’un Dieu : Credo in unum Deum.

Cependant le sacrificateur prépare l’hostie pour lui, pour les vivants,