Page:Chateaubriand - Œuvres complètes - Génie du christianisme, 1828.djvu/381

Cette page n’a pas encore été corrigée

les jeûnes, les veilles, dont on retrouve des traces dans les anciennes républiques, et que pratiquaient les écoles savantes de l’Inde, de l’Égypte et de la Grèce : plus on examine le fond de la question, plus on est convaincu que la plupart des insultes prodiguées au culte chrétien retombent sur l’antiquité. Mais revenons aux prières.

Les actes de foi, d’espérance, de charité, de contrition, disposaient encore le cœur à la vertu : les oraisons des cérémonies chrétiennes relatives à des objets civils ou religieux, ou même à de simples accidents de la vie, présentaient des convenances parfaites, des sentiments élevés, de grands souvenirs et un style à la fois simple et magnifique. A la messe des noces, le prêtre lisait l’épître de saint Paul : " Mes frères, que les femmes soient soumises à leurs maris comme au Seigneur. " Et à l’évangile : " En ce temps-là, les Pharisiens s’approchèrent de Jésus pour le tenter, et lui dirent : Est-il permis à un homme de quitter sa femme ? Il leur répondit : Il est écrit que l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme. "

A la bénédiction nuptiale, le célébrant, après avoir répété les paroles que Dieu même prononça sur Adam et Eve : Crescite et multiplicamini, ajoutait :

" O Dieu, unissez, s’il vous plaît, les esprits de ces époux, et versez dans leurs cœurs une sincère amitié. Regardez d’un œil favorable votre servante… Faites que son joug soit un joug d’amour et de paix ; faites que, chaste et fidèle, elle suive toujours l’exemple des femmes fortes ; qu’elle se rende aimable à son mari comme Rachel ; qu’elle soit sage comme Rebecca ; qu’elle jouisse d’une longue vie, et qu’elle soit fidèle comme Sara ;… qu’elle obtienne une heureuse fécondité ; qu’elle mène une vie pure et irréprochable, afin d’arriver au repos des saints et au royaume du ciel ; faites, Seigneur, qu’ils voient tous deux les enfants de leurs enfants jusqu’à la troisième et quatrième génération, et qu’ils parviennent à une heureuse vieillesse. "

A la cérémonie des relevailles, on chantait le psaume Nisi Dominus : " Si l’Eternel ne bâtit la maison, c’est en vain que travaillent ceux qui la bâtissent. "

Au commencement du carême, à la cérémonie de la commination, ou de la dénonciation de la colère céleste, on prononçait ces malédictions du Deutéronome :

" Maudit celui qui a méprisé son père et sa mère.

Maudit celui qui égare l’aveugle en chemin, etc. "

Dans la visite aux malades, le prêtre disait en entrant :

" Paix à cette maison et à ceux qui l’habitent. " Puis au chevet du lit de l’infirme :