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On ne devine pas trop, par exemple, ce que ceux-ci peuvent avoir de ridicule ou de barbare :

N’espérons plus, mon âme, aux promesses du monde, etc[1].

Qu’aux accents de ma voix la terre se réveille, etc.

J’ai vu mes tristes journées

Décliner vers leur penchant, etc[2].

L’Église trouve une autre source de chants dans les évangiles et dans les épîtres des apôtres. Racine, en imitant ces proses[3], a pensé comme Malherbe et Rousseau, qu’elles étaient dignes de sa muse. Saint Chrysostome, saint Grégoire, saint Ambroise, saint Thomas d’Aquin, Coffin, Santeul, ont réveillé la lyre grecque et latine dans les tombeaux d’Alcée et d’Horace. Vigilante à louer le Seigneur, la religion mêle au matin ses concerts à ceux de l’aurore :

Splendor paternae gloriae, etc.

Source ineffable de lumière,

Verbe en qui l’Eternel contemple sa beauté,

Astre dont le soleil n’est que l’ombre grossière,

Sacré jour, dont le jour emprunte sa clarté,

Lève-toi, soleil adorable, etc.

Avec le soleil couchant l’Église chante encore[4] :

Coeli Deus sanctissime, etc.

Grand Dieu, qui fais briller sur la voûte étoilée

Ton trône glorieux,

Et d’une blancheur vive, à la pourpre mêlée,

Peins le cintre des cieux.

Cette musique d’Israël, sur la lyre de Racine, ne laisse pas d’avoir quelque charme : on croit moins entendre un son réel que cette voix intérieure et mélodieuse qui, selon Platon, réveille au matin les hommes épris de la vertu, en chantant de toute sa force dans leurs cœurs.

Mais, sans avoir recours à ces hymnes, les prières les plus communes de l’église sont admirables ; il n’y a que l’habitude de les répéter dès notre enfance qui nous puisse empêcher d’en sentir la

  1. Malh., liv. I, ode III. (N.d.A.)
  2. Rouss., liv. I, odes III et X. (N.d.A.)
  3. Voyez le cantique tiré de saint Paul. (N.d.A.)
  4. Les offices ont emprunté leurs noms de la division du jour chez les Romains. La première partie du jour s’appelait Prima ; la seconde, Tertia, la troisième, Sexta ; la quatrième Nona, parce qu’elles commençaient à la première, la troisième, la sixième et la neuvième heure. La première veille s’appelait Vespera, soir. (N.d.A.)