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Chapitre I - Des Cloches

Nous allons maintenant nous occuper du culte chrétien. Ce sujet est pour le moins aussi riche que celui des trois premières parties, avec lesquelles il forme un tout complet.

Or, puisque nous nous préparons à entrer dans le temple, parlons premièrement de la cloche qui nous y appelle.

C’était d’abord, ce nous semble, une chose assez merveilleuse d’avoir trouvé le moyen, par un seul coup de marteau, de faire naître, à la même minute, un même sentiment dans mille cœurs divers, et d’avoir forcé les vents et les nuages à se charger des pensées des hommes Ensuite, considérée comme harmonie, la cloche a indubitablement une beauté de la première sorte, celle que les artistes appellent le grand. Le bruit de la foudre est sublime, et ce n’est que par sa grandeur ; il en est ainsi des vents, des mers, des volcans, des cataractes, de la voix de tout un peuple.

Avec quel plaisir Pythagore, qui prêtait l’oreille au marteau du forgeron, n’eût-il point écouté le bruit de nos cloches la veille d’une solennité de l’Église ! L’âme peut être attendrie par les accords d’une lyre, mais elle ne sera pas saisie d’enthousiasme, comme lorsque la foudre des combats la réveille ou qu’une pesante sonnerie proclame dans la région des nuées les triomphes du Dieu des batailles.