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prouver trois choses : 1 o que la religion chrétienne, étant d’une nature spirituelle et mystique, fournit à la peinture un beau idéal plus parfait et plus divin que celui qui naît d’un culte matériel ; 2 o que, corrigeant la laideur des passions ou les combattant avec force, elle donne des tons plus sublimes à la figure humaine et fait mieux sentir l’âme dans les muscles, et les liens de la matière ; 3 o enfin, qu’elle a fourni aux arts des sujets plus beaux, plus riches, plus dramatiques, plus touchants que les sujets mythologiques.

Les deux premières propositions ont été amplement développées dans notre examen de la poésie : nous ne nous occuperons donc que de la troisième.



Chapitre IV - Des sujets de Tableaux

Vérités fondamentales :

1 o Les sujets antiques sont restés sous la main des peintres modernes : ainsi, avec les scènes mythologiques, ils ont de plus les scènes chrétiennes.

2 o Ce qui prouve que le christianisme parle plus au génie que la fable, c’est qu’en général nos grands peintres ont mieux réussi dans les fonds sacrés que dans les fonds profanes.

3 o Les costumes modernes conviennent peu aux arts d’imitation ; mais le culte catholique a fourni à la peinture des costumes aussi nobles que ceux de l’antiquité [NOTE 53].

Pausanias[1], Pline[2] et Plutarque[3] nous ont conservé la description des tableaux de l’école grecque [NOTE 19]. Zeuxis avait pris pour sujet de ses trois principaux ouvrages Pénélope, Hélène et l’Amour. Polygnote avait figuré sur les murs du temple de Delphes le sac de Troie et la descente d’Ulysse aux enfers. Euphanor peignit les douze dieux, Thésée donnant des lois et les batailles de Cadmée, de Leuctres et de

  1. Paus., liv. V.(N.d.A.)
  2. Plin., liv. XXXV, chap. VIII, IX.(N.d.A.)
  3. Plut., in Hipp, Pomp. Lucul., etc.(N.d.A.)