Mais lorsqu’il eut emporté sa vie avec les millions qu’il avoit eu le courage de demander, la France se tourna vers notre véritable père, qui arrivoit de l’exil sans stipulations, sans traités, sans trésors, rentrant les mains vides, comme il étoit sorti, mais le cœur plein de cette tendresse et de cette miséricorde naturelle à la race de nos rois.
Qu’est-ce que le roi trouva en arrivant ? Quatre cent mille étrangers dans le cœur de la France, 1,700 millions de dettes, des armées désorganisées et sans solde depuis plusieurs mois, plus de trente mille officiers qui avoient droit à un sort et à des récompenses, quatre cent mille prisonniers prêts à rentrer dans leur patrie et à augmenter l’embarras du moment, une constitution à faire, des craintes à calmer, des espérances à remplir, des partis en présence, et tous les éléments d’une guerre civile. Il paroissoit sage à quelques personnes que le roi, au milieu de tant d’embarras, ne connoissant ni le terrain sur lequel il marchoit, ni l’état des opinions, ni le caractère des hommes en France, inconnu lui-même à son peuple, il paroissoit sage, disons-nous, que le roi conservât auprès de lui une force étrangère. Le roi rejeta noblement cette idée : une paix honorable fit sortir les alliés du royaume ; il ne nous en coûta ni contributions ni places fortes ; nous conservâmes nos anciennes frontières, et même nous nous agrandîmes du côté de la Savoie. Les monuments des arts nous restèrent : tout cela fut le fruit de l’estime des alliés pour le roi. Une Charte assura nos droits politiques. Bientôt cette armée, si embarrassante par le nombre de ses soldats, a vu, comme par miracle, presque tout son arriéré acquitté, et le reste de cet arriéré au moment de l’être. Les officiers qui n’ont pu trouver place dans la nouvelle organisation militaire reçoivent, au sein de leur famille, une pension qui leur assure cet honorable repos, récompense naturelle de la gloire. Les propriétés ont été garanties ; la confiance renaît ; les manufactures reprennent leurs travaux : tout marche vers la prospérité. La modération, le génie et les vertus d’un seul homme ont opéré ces prodiges ; et il n’en a pas coûté une goutte de sang à la France ; et personne n’a été ni inquiété ni persécuté pour son opinion ; ni aucune prison ne s’est ouverte, sinon pour rendre la liberté à quelques victimes ; et aucun acte arbitraire du pouvoir ne s’est mêlé à tant d’actes de clémence et de bonté ! Nous sommes trop près de ces merveilles pour les apprécier comme elles le méritent ; mais l’histoire les présentera à l’admiration des hommes : elle ajoutera au nom de Louis le Désiré le surnom de Sage, que la France a déjà eu la gloire de donner à l’un de ses rois.
Si on en avoit cru quelques personnes qui avoient leurs raisons pour