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tumé. Des brochures remplies de l’esprit de ces paroles de bénédiction : Guerre aux châteaux, paix aux chaumières ! avoiont heureusement ranimé, pour la paix et le bonlieur de la France, la haine contre la noblesse et contre la religion, c’est-à-dire contre deux principes du moins consacrés par la Charte, si on ne veut pas considérer le premier comme un élément naturel de la monarchie, et le second comme le fondement de toute société. Mais voici tout soudain un changement de scène : voici qu’au milieu du triomphe un cri de détresse se fait entendre. On avoit fait passer une loi des élections dans les meilleures intentions du monde ; seulement on n’en avoit pas prévu les résultats, La frayeur s’empare des esprits : il n’est plus question du système ; on ne pense plus à ce qu’on a fait aux premières élections contre les royalistes : on les appelle au secours. Le 22 septembre on s’écrie : « Royalistes purs, royalistes constitutionnels, royalistes avant ou après la Charte, réunissez-vous : c’est votre cause qui va se juger. » (Journal des Débats.) Et il falloit que les royalistes (dans un article précédent déclarés ennemis de la loi des élections) accourussent vite pour empêcher le mal qu’alloit faire celle loi ; et l’on supposoit des partis, des divisions, des nuances, après avoir répété cent fois que tous les partis étoient éteints ; et l’on proclamoit des périls, après avoir soutenu qu’il n’y avoit plus de périls, et que, grâce au système de l’administration, nous étions tous heureux et tranquilles. Le 23 septembre on disoit : « Choisissez des hommes contre lesquels il ne soit pas possible d’alléguer le 20 mars, quand ils parleront de justice et de liberté. Royalistes, votre opinion est divisée en plusieurs nuances ; mais toutes ces nuances se réunissent lorsqu’on les oppose à des noms qui rappellent la république ou l’usurpation des Cent Jours. Il y a tel choix qui, sans importance immédiate par lui-même, seroit un danger, uniquement parce qu’il seroit un scandale.)> ( Journal des Débats.) On disoit le 2k septembre : « Ce ne sont pas les rédacteurs de l’Acte additionnel qui peuvent mériter de parler au nom de la Charte dans l’assemblée de la nation............

La Charte, ouvrage du roi, ne sera pas remise entre les mains des hommes qui ont voté à la tribune l’exil de sa dynastie. » {Journal des Débats). Et l’on oublioit que la chambre actuelle des députés compte dans son sein plusieurs représentants de la chambre de Buonaparte, lesquels votent avec le ministère ; on oublioit que d’autres représentants présidoient des collèges électoraux, et que le ministère, par conséquent, les avoit tacitement désignés au choix de leurs concitoyens ; et l’on oublioit qu’il y avoit tel déparlement oi ! i dans ce moment même on portoit en entier la députation des Cent