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DE
L’EXCOMMUNICATION
DES COMÉDIENS.
FÉVRIER 1815.


Il y a quelque temps que l’on a beaucoup parlé de la scène scandaleuse qui s’est passée aux funérailles de Mlle Raucourt. Ce n’étoit qu’une répétition de celle qui eut lieu en 1802 à l’enterrement de mlle, avec cette différence qu’à la première époque on ne profana point l’église de Saint-Roch, et que le curé remporta une espèce de victoire, bien qu’il souffrît dans la suite des mesures du despotisme. Maintenant que les passions sont tranquilles, mais que l’opinion publique n’est pas encore fixée sur le sujet qui les avoit émues, il nous semble utile d’examiner, une fois pour toutes, la question de l’excommunication des comédiens. Nous la soumettrons au bon sens des lecteurs. Quoi qu’on en dise, il y a aujourd’hui beaucoup de raison en France : c’est un fruit de notre expérience et de nos malheurs. Les hommes des partis les plus opposés, las enfin de nos discordes, ne demandent qu’à se rallier à la vérité toutes les fois qu’on la leur montrera simplement, franchement, loyalement.

Deux choses doivent être considérées dans le sujet que nous prétendons examiner : 1o la cause de l’aversion de l’Église contre les spectacles ; 2o le degré d’autorité qu’un curé peut et doit exercer dans son église, lorsqu’il ne fait que suivre les canons et obéir aux ordres de ses supérieurs.

Il faut remonter jusqu’aux premiers siècles du christianisme pour trouver la cause de la sévérité de l’Église et de la rigueur de ses règlements contre le théâtre. « Tout l’appareil de ces pompes, dit Tertullien, est fondé sur l’idolâtrie. » De là, examinant l’origine des spectacles admis chez les Romains, il fait voir qu’ils tiroient presque