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appeler à notre secours. On a fait tant d’avances pour gagner des gens suspects ! faisons quelques efforts pour environner le trône de serviteurs fidèles. C’est à ceux-ci qu’il appartient de diriger les affaires : ils rendront meilleur tout ce qui leur sera confié ; les autres gâtent tout ce qu’ils touchent. Qu’on ne mette plus les honnêtes gens dans la dépendance des hommes qui les ont opprimés, mais qu’on donne les bons pour guides aux méchants : c’est l’ordre de la morale et de la justice. Confiez donc les premières places de l’État aux véritables amis de la monarchie légitime. Vous en faut-il un si grand nombre pour sauver la France ? Je n’en demande que sept par département : un évêque, un commandant, un préfet, un procureur du roi, un président de la cour prévôtale, un commandant de gendarmerie, et un commandant de gardes nationales. Que ces sept hommes-là soient à Dieu et au roi, je réponds du reste.

Mais il ne faut pas qu’un ministère entrave, retienne, paralyse, tracasse, tourmente, persécute et destitue ces sept hommes ; qu’il leur donne tort en toute occasion contre les malveillants et les conspirateurs. Aussi, point de ministres et de chefs de direction suspects, ou dans le système des intérêts moraux révolutionnaires. Que les premiers administrateurs ne persécutent personne ; qu’ils soient doux, indulgents, tolérants, humains ; qu’ils ne souffrent aucune réaction ; qu’ils embrassent franchement la Charte, et respectent toutes nos libertés. Mais qu’en même temps ils aient l’horreur des méchants ; qu’ils donnent la préférence à la vertu sur le vice ; qu’ils ne fassent pas consister l’impartialité à placer ici un honnête homme et là un homme pervers ; qu’ils favorisent toutes les lois justes ; qu’ils appuient hautement et ouvertement la religion ; qu’ils soient dévoués au roi et à la famille royale, jusqu’à la mort, s’il le faut, et la France sortira de ses ruines.

Quant à ces hommes capables, mais dont l’esprit est faussé par la révolution, à ces hommes qui ne peuvent comprendre que le trône de saint Louis a besoin d’être soutenu par l’autel et environné des vieilles mœurs, comme des vieilles traditions de la monarchie, qu’ils aillent cultiver leur champ. La France pourra les rappeler, quand leurs talents, lassés d’être inutiles, seront sincèrement convertis à la religion et à la légitimité.

Pour ce qui est du troupeau des administrateurs subalternes, il seroit insensé de les juger avec rigueur : donnez-leur des chefs fidèles, des gardiens sûrs et vigilants, et vous n’aurez rien à craindre ; d’ailleurs le temps des épurations est passé.

Dans le mouvement à donner aux affaires, consultez le génie des