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au contraire, conspiration et péril, je pourrai faire ouvrir les yeux aux hommes de bonne foi. Complot dévoilé est à demi détruit : ôtez aux factions leur masque, vous leur enlevez leur force.

CHAPITRE XXXV.
QU’IL Y A CONSPIRATION CONTRE LA MONARCHIE LÉGITIME.

Je dis donc qu’il y a une véritable conspiration formée contre la monarchie légitime.

Je ne dis pas que cette conspiration ressemble à une conspiration ordinaire, qu’elle soit le résultat de machinations d’un certain nombre de traîtres prêts à porter un coup subit, à tenter un enlèvement, un assassinat, bien qu’il s’y mêle aussi des dangers de cette sorte. Je dis seulement qu’il existe une conspiration, pour ainsi dire forcée, d’intérêts moraux révolutionnaires, une association naturelle de tous les hommes qui ont à se reprocher quelque crime ou quelque bassesse ; en un mot, une conjuration de toutes les illégitimités contre la légitimité.

Je dis que cette conspiration agit de toutes parts et à tous moments ; qu’elle s’oppose par instinct à tout ce qui peut consolider le trône, rétablir les principes de la religion, de la morale, de la justice et de l’honneur. Elle ignore le moment de son succès ; diverses causes peuvent le hâter ou le retarder ; mais elle se croit sûre de ce succès. En attendant elle travaille à le préparer ; et le principal moyen d’action lui est fourni par le système des intérêts révolutionnaires.

CHAPITRE XXXVI.
DOCTRINE SECRÈTE CACHÉE DERRIÈRE LE SYSTÈME DES INTÉRÊTS RÉVOLUTIONNAIRES.

Derrière le système que l’on prétend devoir suivre pour la sûreté du trône, pour la paix de l’État, se cachent les motifs secrets qui l’ont fait adopter, la doctrine dont il doit amener le triomphe.

Il passe pour constant dans un certain parti qu’une révolution de la nature de la nôtre ne peut finir que par un changement de dynastie ; d’autres plus modérés disent par un changement dans l’ordre de suc-