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pourquoi subsista-t-il chez nos voisins ? Par quelles voies y sommes-nous revenus ? Pour toutes ces questions, voyez les Réflexions politiques.

Or, le gouvernement établi par la Charte se compose de quatre éléments : de la royauté ou de la prérogative royale, de la chambre des pairs, de la chambre des députés, du ministère. Cette machine, moins compliquée que l’organisation de l’ancienne monarchie avant Louis XIV, est cependant plus délicate, et doit être touchée avec plus d’adresse : la violence la briseroit, l’inhabileté en arrêteroit le mouvement.

Voyons ce qui manque, et quels embarras se sont rencontrés jusqu’ici dans la nouvelle monarchie.

CHAPITRE IV.
DE LA PRÉROGATIVE ROYALE. PRINCIPE FONDAMENTAL.

La doctrine sur la prérogative royale constitutionnelle est que rien ne procède directement du roi dans les actes du gouvernement ; que tout est l’œuvre du ministère, même la chose qui se fait au nom du roi et avec sa signature, projets de loi, ordonnances, choix des hommes.

Le roi dans la monarchie représentative est une divinité que rien ne peut atteindre : inviolable et sacrée, elle est encore infaillible ; car s’il y a erreur, cette erreur est du ministre, et non du roi. Ainsi, on peut tout examiner sans blesser la majesté royale, car tout découle d’un ministère responsable.

CHAPITRE V.
APPLICATION DU PRINCIPE.

Quand donc les ministres alarment des sujets fidèles, quand ils emploient le nom du roi pour faire passer de fausses mesures, c’est qu’ils abusent de notre ignorance ou qu’ils ignorent eux-mêmes la nature du gouvernement représentatif. Le plus franc royaliste dans les chambres peut, sans témérité, écarter le bouclier sacré qu’on lui oppose, et aller droit au ministère ; il ne s’agit que de ce dernier, jamais du roi.

Et tout cela est fondé en raison.