Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 6.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces montagnes, rencontra un grand fleuve, le Tacoutché-Tessé, qu’il prit mal à propos pour la Colombia : il n’en suivit point le cours, et se rendit à l’océan Pacifique par une autre rivière, qu’il nomma la rivière du Saumon.

Il trouva des traces multipliées du capitaine Vancouver ; il observa la latitude à 52 degrés 21 minutes 33 secondes, et il écrivit avec du vermillon sur un rocher : « Alexandre Mackenzie est venu du Canada ici par terre, le 22 juillet 1793. » À cette époque que faisions-nous en Europe ?

Par un petit mouvement de jalousie nationale dont ils ne se rendent pas compte, les voyageurs américains parlent peu du second itinéraire de Mackenzie ; itinéraire qui prouve que cet Anglois a eu l’honneur de traverser le premier le continent de l’Amérique septentrionale depuis la mer Atlantique jusqu’au grand Océan.

Le 7 mai 1792 le capitaine américain Robert Gray aperçut à la côte nord-ouest de l’Amérique septentrionale l’embouchure d’un fleuve sous le 46e degré 49 minutes de latitude nord et le 126e degré 14 minutes 15 secondes de longitude ouest, méridien de Paris. Robert Gray entra dans ce fleuve le 11 du même mois, et il l’appela la Colombia : c’étoit le nom du vaisseau qu’il commandoit.

Vancouver arriva au même lieu le 19 octobre de la même année : Broughton, avec la conserve de Vancouver, passa la barre de la Colombia et remonta le fleuve quatre-vingt-quatre milles au-dessus de cette barre.

Les capitaines Lewis et Clarke, arrivés par le Missouri, descendirent des montagnes Rocheuses, et bâtirent en 1805, à l’entrée de la Colombia, un fort, qui fut abandonné à leur départ.

En 1811 les Américains élevèrent un autre fort, sur la rive gauche du même fleuve : ce fort prit le nom d’Astoria, du nom de M. J.-J. Astor, négociant de New-York et directeur de la compagnie des pelleteries à l’océan Pacifique.

En 1810 une troupe d’associés de la compagnie se réunit à Saint-Louis du Mississipi, et fit une nouvelle course à la Colombia, à travers les montagnes Rocheuses : plus tard, en 1812, quelques-uns de ces associés, conduits par M. R. Stuart, revinrent de la Colombia à Saint-Louis. Tout est donc connu de ce côté. Les grands affluents du Missouri, la rivière des Osages, la rivière de la Roche-Jaune, aussi puissante que l’Ohio, ont été remontés : les établissements américains communiquent par ces fleuves au nord-ouest avec les tribus indiennes les plus reculées, au sud-est avec les habitants du Nouveau-Mexique.