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imitées ou naturalisées dans d’autres parties du globe. En tout, les découvertes de Gama sont une magnifique aventure, mais elles ne sont que cela ; elles ont eu peut-être l’inconvénient d’augmenter la prépondérance d’un peuple de manière à devenir dangereuse à l’indépendance des autres peuples.

Les découvertes de Colomb, par leurs conséquences, qui se développent aujourd’hui, ont été une véritable révolution, autant pour le monde moral que pour le monde physique : c’est ce que j’aurai l’occasion de développer dans la conclusion de mon Voyage. N’oublions pas toutefois que le continent retrouvé par Gama n’a pas demandé l’esclavage d’une autre partie de la terre, et que l’Afrique doit ses chaînes à cette Amérique si libre aujourd’hui. Nous pouvons admirer la route que traça Colomb sur le gouffre de l’Océan ; mais pour les pauvres nègres c’est le chemin qu’au dire de Milton la Mort et le Mal construisirent sur l’abîme.

Il ne me reste plus qu’à mentionner les recherches au moyen desquelles a été complétée dernièrement l’histoire géographique de l’Amérique septentrionale.

On ignoroit encore si ce continent s’étendoit sous le pôle en rejoignant le Groënland ou des terres arctiques, ou s’il se terminoit à quelque terre contiguë à la baie d’Hudson et au détroit de Behring.

En 1772 Hearn avoit découvert la mer à l’embouchure de la rivière de la Mine de Cuivre ; Mackensie l’avait vue en 1789 à l’embouchure du fleuve qui porte son nom. Le capitaine Ross et ensuite le capitaine Parry furent envoyés, l’un en 1818, l’autre en 1819, explorer de nouveau ces régions glacées. Le capitaine Parry pénétra dans le détroit de Lancastre, passa vraisemblablement sur le pôle magnétique, et hiverna au mouillage de l’île Melville.

En 1821 il fit la reconnaissance de la baie d’Hudson, et retrouva Repulsebay. Guidé par le récit des Esquimaux, il se présenta au goulet d’un détroit qu’obstruoient les glaces, et qu’il appela le détroit de La Fury et de L’Hécla, du nom des vaisseaux qu’il montoit : là il aperçut le dernier cap au nord-est de l’Amérique.

Le capitaine Francklin, dépêché en Amérique pour seconder par terre les efforts du capitaine Perry, descendit de la rivière de la Mine de Cuivre, entra dans la mer polaire, et s’avança à l’est jusqu’au golfe du Couronnement de Georges IV, à peu près dans la direction et à la hauteur de Repulsebay.

En 1825, dans une seconde expédition, le capitaine Francklin descendit le