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On peut apprendre à tout moment que le major Laing est entré dans ce Tombouctou si connu et si ignoré. D’autres Anglois, attaquant l’Afrique par la côte de Bénin, vont rejoindre ou ont rejoint, en remontant les fleuves, leurs courageux compatriotes arrivés par la Méditerranée. Le Nil et le Niger nous auront bientôt découvert leurs sources et leurs cours. Dans ces régions brûlantes, le lac Stad rafraîchit l’air ; dans ces déserts de sable, sous cette zone torride, l’eau gèle au fond des outres, et un voyageur célèbre, le docteur Oudney, est mort de la rigueur du froid.

Au pôle antarctique, le capitaine Smith a découvert la Nouvelle-Shetland ; c’est tout ce qui reste de la fameuse terre australe de Ptolémée. Les baleines sont innombrables et d’une énorme grosseur dans ces parages ; une d’entre elles attaqua le navire américain l’Essex en 1820, et le coula à fond.

La Grande Océanique n’est plus un morne désert ; des malfaiteurs anglois, mêlés à des colons volontaires, ont bâti des villes dans ce monde ouvert le dernier aux hommes. La terre a été creusée ; on y a trouvé le fer, la houille, le sel, l’ardoise, la chaux, la plombagine, l’argile à potier, l’alun, tout ce qui est utile à l’établissement d’une société. La Nouvelle-Galles du Sud a pour capitale Sidney, dans le port Jackson. Paramatta est situé au fond du havre ; la ville de Windsor prospère au confluent du South-Creek et du Hawkesbury. Le gros village de Liverpool a rendu féconds les bords de Georges-River qui se décharge dans la baie Botanique (Botany-Bay), située à quatorze milles au sud du port Jackson.

L’île Van-Diemen est aussi peuplée ; elle a des ports superbes, des montagnes entières de fer ; sa capitale se nomme Hobart.

Selon la nature de leurs crimes, les déportés à la Nouvelle-Hollande sont ou détenus en prison, ou occupés à des travaux publics, ou fixés sur des concessions de terre. Ceux dont les mœurs se réforment deviennent libres ou restent dans la colonie, avec des billets de permission.

La colonie a déjà des revenus : les taxes montoient en 1819 à 21,179 livres sterling, et servoient à diminuer d’un quart les dépenses du gouvernement.

La Nouvelle-Hollande a des imprimeries, des journaux politiques et littéraires, des écoles publiques, des théâtres, des courses de chevaux, des grands chemins, des ponts de pierre, des édifices religieux et civils, des machines à vapeur, des manufactures de drap, de chapeaux et de faïence ; on y construit des vaisseaux. Les fruits de tous les climats, depuis l’ananas jusqu’à la pomme, depuis l’olive jusqu’au raisin, prospèrent dans cette terre, qui fut de malédiction. Les moutons, croisés de moutons anglois et de mou-