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LETTRE
DE M. TAYLOR À M. C. NODIER
SUR LES VILLES
DE POMPÉI ET D’HERCULANUM.


« Herculanum et Pompéi sont des objets si importants pour l’histoire de l’antiquité, que pour bien les étudier il faut y vivre, y demeurer.

« Pour suivre une fouille très-curieuse je me suis établi dans la maison de Diomède ; elle est à la porte de la ville, près de la voie des tombeaux, et si commode, que je l’ai préférée aux palais qui sont près du forum. Je demeure à côté de la maison de Salluste.

« On a beaucoup écrit sur Pompéi, et l’on s’est souvent égaré. Par exemple, un savant, nommé Matorelli, fut employé pendant deux années à faire un mémoire énorme pour prouver que les anciens n’avoient pas connu le verre de vitre, et quinze jours après la publication de son in-folio on découvrit une maison où il y avoit des vitres à toutes les fenêtres. Il est cependant juste de dire que les anciens n’aimoient pas beaucoup les croisées ; le plus communément le jour venoit par la porte ; mais enfin chez les patriciens il y avoit de très-belles glaces aux fenêtres, aussi transparentes que notre verre de Bohème, et les carreaux étoient joints avec des listels de bronze de bien meilleur goût que nos traverses en bois.

« Un voyageur de beaucoup d’esprit et de talent, qui a publié des lettres sur la Morée, et un grand nombre d’autres voyageurs, trouvent extraordinaire que les constructions modernes de l’Orient soient absolument semblables à celles de Pompéi. Avec un peu de réflexion, cette ressemblance paroîtroit toute naturelle. Tous les arts nous viennent de l’Orient ; c’est ce qu’on ne sauroit trop répéter aux hommes qui ont le désir d’étudier et de s’éclairer.

« Les fouilles se continuent avec persévérance et avec beaucoup d’ordre et de soin : on vient de découvrir un nouveau quartier et des thermes su-