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On a conjecturé que la mer avoit autrefois baigné les murs de Pompéi, et qu’elle venoit jusqu’à l’endroit où passe aujourd’hui le chemin de Salerne. Strabon dit en effet que cette ville servoit d’arsenal maritime à plusieurs villes de la Campanie, ajoutant qu’elle est près du Sarno, fleuve sur lequel les marchandises peuvent descendre et remonter.

Plusieurs faits que l’on observe à Pompéi sembleroient incompréhensibles si l’on ne se rappeloit pas que la destruction de cette ville a été l’ouvrage de deux catastrophes distinctes : l’une en l’an 63 de J.-C., par un tremblement de terre ; l’autre, seize ans plus tard, par une éruption du Vésuve. Ses habitants commençoient à réparer les dommages causés par la première, lorsque les signes précurseurs de la seconde les forcèrent d’abandonner un lieu qui ne tarda pas à être enseveli sous un déluge de cendres et de matières volcaniques.

Cependant des débris d’ouvrages en briques indiquoient sa position. Il conserva, sans doute pendant longtemps, un reste de population dans son voisinage, puisque Pompéi est indiqué dans l’itinéraire d’Antonin et sur la carte de Peutinger. Au xiiie siècle, les comtes de Sarno firent creuser un canal dérivé du Sarno ; il passoit sous Pompéi, mais on ignoroit sa position ; enfin, en 1748, un laboureur ayant trouvé une statue en labourant son champ, cette circonstance engagea le gouvernement napolitain à ordonner des fouilles.

À l’époque des premiers travaux, on versoit dans la partie que l’on venoit de déblayer les décombres que l’on retiroit de celle que l’on s’occupoit de découvrir ; et, après qu’on en avoit enlevé les peintures à fresque, les mosaïques et autres objets curieux, on combloit de nouveau l’espace débarrassé : aujourd’hui l’on suit un système différent.

Quoique les fouilles n’aient pas offert de grandes difficultés par le peu d’efforts que le terrain exige pour être creusé, il n’y a pourtant qu’une septième partie de la ville de déterrée. Quelques rues sont de niveau avec le grand chemin qui passe le long des murs, dont le circuit est d’environ seize cents toises.

En arrivant par Herculanum, le premier objet qui frappe l’attention est la maison de campagne d’Arrius Diomédès, située dans le faubourg. Elle est d’une très-jolie construction, et si bien conservée, quoiqu’il y manque un étage, qu’elle peut donner une idée exacte de la manière dont les anciens distribuoient l’intérieur de leurs demeures. Il suffiroit d’y ajouter des portes et des fenêtres pour la rendre habitable ; plusieurs chambres sont très-petites, le propriétaire étoit cependant un homme opulent. Dans d’autres maisons de gens moins riches, les chambres sont encore plus petites. Le plancher de la maison d’Arrius Diomédès est en mosaïques ; tous les appartements n’ont pas de fenêtres, plusieurs ne reçoivent du jour que par la porte. On ignore quelle est la destination de beaucoup de petits passages et de recoins. Les amphores qui contenoient le vin sont encore dans la cave, le pied posé dans le sable, et appuyées contre le mur.

La rue des tombeaux offre, à droite et à gauche, les sépultures des