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CINQ JOURS
À CLERMONT
(AUVERGNE)


2, 3, 4, 5 et 6 août 1803.

Me voici au berceau de Pascal et au tombeau de Massillon. Que de souvenirs ! les anciens rois d’Auvergne et l’invasion des Romains, César et ses légions, Vercingetorix, les derniers efforts de la liberté des Gaules contre un tyran étranger, puis les Visigoths, puis les Francs, puis les évêques, puis les comtes et les dauphins d’Auvergne, etc.

Gergovia, oppidum Gergovia, n’est pas Clermont : sur cette colline de Gergoye, que j’aperçois au sud-est, étoit la véritable Gergovie. Voilà Mont-Rognon, Mons Rugosus, dont César s’empara pour couper les vivres aux Gaulois renfermés dans Gergovie. Je ne sais quel dauphin bâtit sur le Mont Rugosus un château dont les ruines subsistent.

Clermont étoit Nemossus, à supposer qu’il n’y ait pas de fausse lecture dans Strabon ; il étoit encore Nemetum, Augusto Nemetum, Arverni urbs, Civitas Arverna, Oppidum Arvernum, témoin Pline, Ptolémée, la carte de Peutinger, etc.

Mais d’où lui vient ce nom de Clermont, et quand a-t-il pris ce nom ? Dans le ixe siècle, disent Loup de Ferrières et Guillaume de Tyr : il y a quelque chose qui tranche mieux la question. L’anonyme, auteur des Gestes de Pipin, ou, comme nous prononçons, Pepin, dit : Maximum partem Aquitaniæ vastans, usque urbem Arvernam, cum omni exercitu veniens (Pipinus) Clare Montem castrum captum, atque succensum bellando cepit.

Le passage est curieux en ce qu’il distingue la ville, urbem Arvernam, du château Clare Montem castrum. Ainsi, la ville romaine étoit au bas