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appuyé sur un tronc d’arbre ; légèreté de la massue. Vénus : beauté des formes ; draperies mouillées. Buste de Scipion l’Africain.

Pourquoi la sculpture antique est-elle supérieure[1] à la sculpture moderne, tandis que la peinture moderne est vraisemblablement supérieure, ou du moins égale à la peinture antique ?

Pour la sculpture, je réponds :

Les habitudes et les mœurs des anciens étoient plus graves que les nôtres, les passions moins turbulentes. Or, la sculpture, qui se refuse à rendre les petites nuances et les petits mouvements, s’accommodoit mieux des poses tranquilles et de la physionomie sérieuse du Grec et du Romain.

De plus, les draperies antiques laissoîent voir en partie le nu : ce nu étoit toujours ainsi sous les yeux des artistes, tandis qu’il n’est exposé qu’occasionnellement aux regards du sculpteur moderne : enfin les formes humaines étoient plus belles.

Pour la peinture, je dis :

La peinture admet beaucoup de mouvement dans les attitudes : conséquemment la matière, quand malheureusement elle est sensible, nuit moins aux grands effets du pinceau.

Les règles de la perspective, qui n’existent presque point pour la sculpture, sont mieux entendues des modernes qu’elles ne l’étoient des anciens. On connoît aujourd’hui un plus grand nombre de couleurs ; reste seulement à savoir si elles sont plus vives et plus pures.

Dans ma revue du Musée, j’ai admiré la mère de Raphaël, peinte par son fils : belle et simple, elle ressemble un peu à Raphaël lui-même, comme les Vierges de ce génie divin ressemblent à des anges.

Michel-Ange peint par lui-même.

Armide et Renaud : scène du miroir magique.


POUZZOLES ET LA SOLFATARA.

4 janvier.

À Pouzzoles, j’ai examiné le temple des Nymphes, la maison de Cicéron, celle qu’il appeloit la Putcolane, d’où il écrivit souvent à

  1. Cette assertion, généralement vraie, admet pourtant d’assez nombreuses exceptions. La statuaire antique n’a rien qui surpasse les cariatides du Louvre, de Jean