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faites à dessein pour communiquer avec les branches de la rivière, de chaque côté. Au nord-est de ces élévations, et dans la plaine, on voit deux chemins, larges d’une perche et hauts de trois pieds, qui, parcourant presque parallèlement un espace d’un quart de mille, vont former un demi-cercle irrégulier autour d’une petite élévation. À l’extrémité sud-ouest de l’ouvrage fortifié on trouve trois routes circulaires, de trente et quarante perches de longueur, taillées dans le précipice entre le rempart et la rivière. Le rempart est en terre. On a fait beaucoup de conjectures sur le but que s’étoient proposé les constructeurs de cet ouvrage, qui n’a pas moins de cinquante-huit portes ; il est possible que plusieurs de ces ouvertures soient l’effet de l’eau qui, rassemblée dans l’intérieur, s’est frayé un passage. Dans d’autres parties le rempart peut n’avoir point été achevé.

Quelques voyageurs ont supposé que cet ouvrage n’avoit eu d’autre but que l’amusement. J’ai toujours douté qu’un peuple sensé ait pris tant de peine pour un but si frivole. Il est probable que ces ouvertures n’étoient point des portes, qu’elles n’ont pu même être produites par l’action des eaux, mais que l’ouvrage, pour d’autres causes, n’a pas été terminé.

Les trois chemins creusés avec de grands efforts dans le roc, et le sol pierreux, parallèlement au Petit-Miami, paroissent avoir été destinés à servir de portes pour inquiéter ceux qui passeroient la rivière. J’ai appris que dans toutes leurs guerres les Indiens font usage de semblables chemins. Quoi qu’il en soit, je ne déciderai pas si (comme on le croit assez généralement) toutes ces fortifications sont l’ouvrage d’un même peuple et d’une même époque.

Quant aux routes, assez semblables à nos grandes routes, si elles étoient destinées à la course, il est probable que les tertres servoient de point de départ et d’arrivée, et que les athlètes en faisoient le tour. Le terrain que les remparts embrassent, aplani par l’art, peut avoir été l’arène ou le lieu où l’on célébroit les jeux. Nous ne l’affirmerons pas, mais Rome et l’ancienne Grèce offrent de semblables ouvrages.

Le docteur Daniel Drake dit, dans la Description de Cincinnati : « Il n’y a qu’une seule excavation ; elle a douze pieds de profondeur, son diamètre en a cinquante ; elle ressemble à un puits à demi rempli. »

On a trouvé quatre pyramides ou monticules dans la plaine ; la plus considérable est à l’ouest de l’enclos, à la distance de cinq cents yards (aunes) ; elle a aujourd’hui trente-sept pieds de hauteur ; c’est une ellipse dont les axes sont dans la proportion de 1 à 2 ; sa base a cent cinquante pieds de circonférence ; la terre qui l’entoure étant de trente ou quarante aunes de distance plus basse que la plaine, il est pro-