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tenir un acre de terrain. Il est circulaire, et l’on y voit des remparts qui conduisent jusqu’au sommet ; mais ce n’étoit point un cimetière.

Cependant il y en a un près de là, de forme conique, dont le sommet a au moins vingt-cinq pieds de hauteur, et qui est rempli des cendres du peuple qui construisit ces fortifications ; on en trouve un semblable au nord-ouest, qui est entouré d’un fossé d’environ six pieds de profondeur, avec un trou au milieu. Deux autres puits qui ont encore dix ou douze pieds de profondeur me paroissent avoir été creusés pour servir de réservoir d’eau, et ressemblent à ceux que j’ai décrits plus haut. Près de là on voit un rempart d’un accès facile, mais élevé si haut, qu’un spectateur placé à son sommet verroit tout ce qui se passe.

Deux remparts parallèles, longs de deux milles, et hauts de six à dix pieds, conduisent de ces ouvrages élevés au bord de l’Ohio ; ils se perdent sur les bas-fonds près de la rivière, qui semble s’en être éloignée depuis l’époque de leur construction. Entre ces remparts et le fleuve il y a des terres aussi fertiles que toutes celles que l’on trouve dans la belle vallée de l’Ohio, et qui cultivées ont pu suffire aux besoins d’une nombreuse population. La surface de la terre entre tous ces remparts parallèles est unie, et semble même avoir été aplanie par l’art. C’étoit la route pour aller aux hautes places ; les remparts auront servi à défendre et clore les terres cultivées.

Je n’ai vu dans le pays bas qu’un de ces cimetières, peu large, et qui paroît avoir été celui du peuple qui habitoit la plaine.

Monuments qu’on voit sur les bords du Petit-Miami.

Ces fortifications, dont plusieurs voyageurs ont parlé, sont dans une plaine presque horizontale, à deux cent trente-six pieds au-dessus du niveau de la rivière, entre deux rives très-escarpées. Des portes, ou, pour mieux dire, des embrasures, conduisent dans les remparts. La plaine s’étend à un demi-mille à l’est de la route. Toutes ces fortifications, excepté celles de l’est et de l’ouest, où passe la route, sont entourées de précipices. La hauteur du rempart dans l’intérieur varie suivant la forme du terrain extérieur, étant en général de huit à dix pieds ; mais dans la plaine elle est de dix-neuf pieds et demi, et la base de quatre perches et demie. Dans quelques endroits les terres semblent avoir été entraînées par les eaux qui filtrent de l’intérieur.

À une vingtaine de perches à l’est de la porte par laquelle la route passe, on voit, à droite et à gauche, deux tertres d’environ onze pieds de hauteur, d’où descendent des gouttières qui paroissent avoir été