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La principale excavation, ou le puits de soixante pieds de diamètre, doit avoir eu, dans le temps de sa construction, vingt pieds de profondeur au moins ; elle n’est aujourd’hui que de douze à quatorze pieds, par suite des éboulements causés par les pluies. Cette exacavation a la forme ancienne ; on y descendoit par des marches, pour pouvoir puiser l’eau à la main.

Le réservoir que l’on voit près de l’angle septentrional du grand fort avoit vingt-cinq pieds de diamètre, et ses côtés s’élevoient au-dessus de la surface par un parapet de trois à quatre pieds de hauteur. Il étoit rempli d’eau dans toutes les saisons ; mais aujourd’hui il est presque comblé, parce qu’en nettoyant la place on y a jeté des décombres et des feuilles mortes. Cependant l’eau monte à la source et offre l’aspect d’un étang stagnant. L’hiver dernier le propriétaire de ce réservoir a entrepris de le dessécher, en ouvrant un fossé dans le petit chemin couvert : il est arrivé à douze pieds de profondeur, et ayant laissé couler l’eau, il a trouvé que les parois du réservoir n’étoient point perpendiculaires, mais inclinées vers le centre en forme de cône renversé, et enduites d’une croûte d’argile fine et colorée, de huit à dix pouces d’épaisseur. Il est probable qu’il y trouvera des objets curieux qui ont appartenu aux anciens habitants de ces lieux.

J’ai trouvé, hors du parapet et près du carré long, un grand nombre de fragments d’ancienne poterie : ils étoient ornés de figures curieuses et faits d’argile ; quelques-uns étoient vernis intérieurement ; leur cassure étoit noire et parsemée de parcelles brillantes ; la matière en est généralement plus dure que celle des fragments que j’ai trouvés près des rivières. On a trouvé à différentes époques plusieurs objets de cuivre, entre autres une coupe.

M. Duna a trouvé dernièrement à Waterford, à peu de distance de Muskingum, un amas de lances et de pointes de flèche : elles occupoient un espace de huit pouces de longueur sur dix-huit de largeur, à deux pieds de profondeur d’un côté et à dix-huit pouces de l’autre ; il paroît qu’elles avoient été mises dans une caisse, dont un côté s’est affaissé : elles paroissent n’avoir point servi. Elles ont de deux à six pouces de longueur ; elles n’ont point de bâton, et sont de figure presque triangulaire.

Il est remarquable que les terres des remparts et les élévations n’ont point été tirées des fossés, mais apportées d’assez loin ou enlevées uniformément de la plaine, comme dans les ouvrages de Licking, dont nous avons parlé plus haut. On a trouvé surprenant que l’on n’ait découvert aucun des instruments qui doivent avoir servi à ces constructions ; mais des pelles de bois suffisent.