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de quatre pieds les portes, que probablement elle étoit destinée à défendre. Ces remparts, presque perpendiculaires, ont été élevés si habilement que l’on peut voir d’où la terre a été enlevée ;

2o Un fort circulaire, contenant environ trente acres, et communiquant au premier par deux remparts semblables ;

3o Un observatoire construit partie en terre, partie en pierre, qui dominoit une partie considérable de la plaine, sinon toute la plaine, comme on pourroit s’en convaincre en abattant les arbres qui s’y sont élevés depuis. Il y avoit sous cet observatoire un passage, secret peut-être, qui conduisoit à la rivière, qui depuis s’est creusé un autre lit ;

4o Autre fort circulaire, contenant environ vingt-six acres, entouré d’un rempart qui s’élevoit, et d’un profond intérieur. Ce rempart a encore trente-cinq à quarante pieds de hauteur, et quand j’y étois le fossé étoit encore à moitié rempli d’eau, surtout du côté de l’étang[1]. Il y a des remparts parallèles qui ont cinq à six perches de largeur et quatre ou cinq pieds de hauteur ;

5o Un fort carré, contenant une vingtaine d’acres, et dont les remparts sont semblables à ceux du premier ;

6o Un intervalle formé par le Racoon et le bras méridional du Licking. Nous avons lieu de présumer que dans le temps où ces ouvrages étoient occupés ces deux eaux baignoient le pied de la colline ; et ce qui le prouve, ce sont les passages qui y conduisent ;

7o L’ancien bord des rivières qui se sont fait un lit plus profond qu’il ne l’étoit quand les eaux baignoient le pied de la colline : ces ouvages étoient dans une grande plaine élevée de quarante ou cinquante pieds au-dessus de l’intervalle, qui est maintenant tout unie et des plus fertiles. Les tours d’observation étoient à l’extrémité des remparts parallèles, sur le terrain le plus élevé de toute la plaine ; elles étoient entourées de remparts circulaires, qui n’ont aujourd’hui que quatre ou cinq pieds de hauteur ;

8o Deux murs parallèles qui conduisent probablement à d’autres ouvrages.

Le plateau près Newargk, semble avoir été le lieu, et c’est le seul que j’ai vu, où les habitants de ces ouvrages enterroient leurs morts. Quoique l’on en trouve d’autres dans les environs, je présumerois qu’ils n’étoient pas très-nombreux et qu’ils ne résidèrent pas longtemps dans ces lieux. Je ne m’étonne pas que ces murs parallèles

  1. Cet étang couvre cent cinquante à deux cents acres ; il étoit à sec il y a quelques années, en sorte que l’on fit une récolte de blé là où l’on voit aujourd’hui dix pieds d’eau ; quelquefois cet étang baigne les remparts du fort : il attenoit les remparts parallèles.