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ces ouvrages. La végétation prouve que dans l’intérieur le sol étoit beaucoup meilleur qu’à l’extérieur.

On trouve dans l’intérieur des cailloux arrondis, tels qu’on en voit sur les bords du lac, mais ils semblent avoir subi l’action d’un feu ardent ; des fragments de poterie, d’une structure grossière et sans vernis. Mon correspondant me dit que l’on y a trouvé parfois des squelettes d’hommes d’une petite taille ; ce qui prouveroit que ces ouvrages ont été construits par le même peuple qui a érigé nos tombeaux. La terre végétale qui forme la surface de ces ouvrages a au moins dix pouces de profondeur ; on y a trouvé des objets évidemment confectionnés par les Indiens, ainsi que d’autres qui décèlent leurs relations avec les Européens. Je rapporte ce fait ici pour éviter de le répéter quand je décrirai en détail ces monuments, surtout ceux que l’on voit sur les bords du lac Érié et sur les rivages des grandes rivières. On trouve toujours des antiquités indiennes à la surface ou enterrées dans quelque tombe, tandis que les objets qui ont appartenu au peuple qui a érigé ces monuments sont à quelques pieds de profondeur ou dans le lit des rivières.

En continuant d’aller au sud-ouest, on trouve encore ces ouvrages ; mais leurs remparts, qui ne sont élevés que de quelques pieds, leurs fossés peu profonds et leur dimension décèlent un peuple peu nombreux.

On m’a dit que dans la partie septentrionale du comté de Médina (Ohio), on a trouvé près de l’un de ces monuments une plaque de marbre polie. C’est sans doute une composition de terre glaise et de sulfate de chaux, ou de plâtre de Paris, comme j’en ai vu souvent en longeant l’Ohio. Un observateur ordinaire a dû s’y méprendre

Anciens ouvrages près de Newark.

En arrivant vers le sud, ces ouvrages, qui se trouvent en plus grand nombre, plus compliqués et plus vastes, annoncent une population plus considérable et un progrès de connoissances. Ceux qui sont sur les deux rives du Licking, près de Newark, sont les plus remarquables. On y reconnoît :

1o Un fort qui peut avoir quarante acres, compris dans ses remparts, qui ont généralement environ dix pieds de hauteur. On voit dans ce fort huit ouvertures (ou portes), d’environ quinze pieds de largeur, vis-à-vis desquelles est une petite élévation de terre, de même hauteur et épaisseur que le rempart extérieur. Cette élévation dépasse