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le plus méridional, à l’est des Alleghanys. Ces deux ouvrages sont petits, très-anciens, et semblent indiquer dans cette direction les bornes des établissements du peuple qui les érigea. Ces peuplades venant de l’Asie, trouvant nos grands lacs et suivant leurs bords, ont-elles été repoussées par nos Indiens, et les petits forts dont nous avons parlé ont-ils été construits dans la vue de les protéger contre les indigènes qui s’étoient établis sur les côtes de l’océan Atlantique ? En suivant la direction occidentale du lac Érié, à l’ouest de ces ouvrages, on en trouve çà et là, surtout dans le pays de Génessée, mais en petit nombre et peu étendus, jusqu’à ce qu’on arrive à l’embouchure du Cataragus-creek, qui sort du lac Érié, dans le pays de New-York. C’est là que commence, suivant M. Clinton, une ligne de forts qui s’étend au sud à plus de cinquante milles sur quatre milles de largeur. On dit qu’il y a une autre ligne parallèle à celle-là, mais qui n’est que de quelques arpents, et dont les remparts n’ont que quelques pieds de hauteur. Le Mémoire de M. Clinton renfermant une description exacte des antiquités des parties occidentales de New-York, nous ne répéterons point ici ce qu’il a si bien dit.

Si en effet ces ouvrages sont des forts, ils doivent avoir été construits par un peuple peu nombreux et ignorant complètement les arts mécaniques. En avançant au sud-ouest, on trouve encore plusieurs de ces forts ; mais lorsque l’on arrive vers le fleuve Licking, près de Newark, on en voit de très-vastes et de très-intéressants, ainsi qu’en s’avançant vers Circleville. Il y en avoit quelques-uns à Chillicothe, mais ils ont été détruits. Ceux que l’on trouve sur les bords du Point-creek surpassent à quelques égards tous les autres, et paroissent avoir renfermé une grande ville ; il y en a aussi de très-vastes à l’embouchure du Scioto et du Muskingum ; enfin, ces monuments sont très-répandus dans la vaste plaine qui s’étend du lac Érié au golfe du Mexique, et offrent de plus grandes dimensions à mesure que l’on avance vers le sud, dans le voisinage des grands fleuves, et toujours dans des contrées fertiles. On n’en trouve point dans les prairies de l’Ohio, rarement dans des terrains stériles ; et si l’on en voit, ils sont peu étendus et situés à la lisière dans un terrain sec. À Salem, dans le comté d’Ashtabula, près de la rivière de Connaught, à trois milles environ du lac Érié, on en voit un de forme circulaire, entouré de deux remparts parallèles séparés par un fossé. Ces remparts sont coupés par des ouvertures et une route dans le genre de nos grandes routes modernes, qui descend la colline et va jusqu’au fleuve par une pente douce, et telle qu’une voiture attelée pourroit facilement la parcourir, et ce n’est que par là que l’on peut entrer sans difficulté dans