Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 6.djvu/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment militaire. Mais en voilà un qui, trouvant quelque inscription, n’hésite pas à décider qu’il y a eu là une colonie de Welches ; d’autres encore, trouvant de ces monuments, ou près de là des objets appartenant évidemment à des Indiens, les attribuent à la race des Scythes : ils trouvent même parfois des objets dispersés ou réunis, qui appartiennent non-seulement à des nations, mais à des époques différentes, très-éloignées les unes des autres, et les voilà se perdant dans un dédale de conjectures. Si les habitants des pays occidentaux disparoissoient tout à coup de la surface du monde, avec tous les documents qui attestent leur existence, les difficultés des antiquaires futurs seroient sans doute plus grandes, mais néanmoins de la même espèce que celles qui embarrassent si fort nos superficiels observateurs. Nos antiquités n’appartiennent pas seulement à différentes époques, mais à différentes nations ; et celles qui appartiennent à une même ère, à une même nation, servoient sans doute à des usages très-différents.

Nous diviserons ces antiquités en trois classes : celles qui appartiennent 1o aux Indiens, 2o aux peuples d’origine européenne, 3o au peuple qui construisit nos anciens forts et nos tombeaux.

I. — antiquités des indiens de la race actuelle.

Ces antiquités, qui n’appartiennent proprement qu’aux Indiens de l’Amérique septentrionale, sont en petit nombre et peu intéressantes : ce sont des haches et des couteaux de pierre, ou des pilons servant à réduire le maïs, ou des pointes de flèche et quelques autres objets exactement semblables à ceux que l’on trouve dans les États Atlantiques, et dont il est inutile de faire la description. Celui qui cherche des établissements indiens en trouvera de plus nombreux et de plus intéressants sur les bords de l’océan Atlantique ou des grands fleuves qui s’y jettent à l’orient des Alleghanys. La mer offre au sauvage un spectacle toujours solennel. Dédaignant les arts et les bienfaits de la civilisation, il n’estime que la guerre et la chasse. Quand les sauvages trouvent l’Océan, ils se fixent sur ses bords, et ne les abandonnent que par excès de population ou contraints par un ennemi victorieux ; alors ils suivent le cours des grands fleuves, où le poisson ne peut leur manquer ; et tandis que le chevreuil, l’ours, l’élan, le renne ou le buffle, qui passent sur les collines, s’offrent à leurs coups, ils prennent tout ce que la terre et l’eau produisent spontanément, et ils sont satisfaits. Notre histoire prouve que nos Indiens doivent être venus par le détroit de Behring, et qu’ils ont naturellement suivi la grande