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fort, à la septième génération ; mais ils ne savent rien de son origine.

On voit aussi à Norwich, dans le même comté, un lieu situé sur une élévation au bord de la rivière. On le nomme le Château : les Indiens y demeuroient à l’époque où nous nous sommes établis dans le pays ; l’on y distingue quelques traces de fortifications, mais suivant toutes les apparences elles sont beaucoup plus modernes que celles d’Oxford.

L’on a découvert à Ridgeway, dans le comté de Genessée, plusieurs anciennes fortifications et des sépultures. À peu près à six milles de la route de Ridge, et au sud du grand coteau, on a depuis deux à trois mois trouvé un cimetière dans lequel sont déposés des ossements d’une longueur et d’une grosseur extraordinaires. Sur ce terrain étoit couché le tronc d’un châtaignier, qui paroissoit avoir quatre pieds de diamètre à sa partie supérieure. La cime et les branches de cet arbre avoient péri de vétusté. Les ossements étoient posés confusément les uns sur les autres : cette circonstance et les restes d’un fort dans le voisinage donnent lieu de supposer qu’ils y avoient été déposés par les vainqueurs ; et le fort étant situé dans un marais, on croit qu’il fut le dernier refuge des vaincus, et probablement le marais étoit sous l’eau à cette époque.

Les terrains réservés aux Indiens à Buffaldo offrent des clairières immenses, dont les Senecas ne peuvent donner raison. Leurs principaux établissements étoient à une grande distance à l’est, jusqu’à la vente de la majeure partie de leur pays, après la fin de la guerre de la révolution.

Au sud du lac Érié on voit une suite d’anciennes fortifications qui s’étendent depuis la crique de Cattaragus jusqu’à la ligne de démarcation de Pensylvanie, sur une longueur de cinquante milles : quelques-unes sont à deux, trois et quatre milles l’une de l’autre ; d’autres à moins d’un demi-mille ; quelques-unes occupent un espace de cinq acres. Les remparts ou retranchements sont placés sur des terrains où il paroît que des criques se déchargeoient autrefois dans des lacs, ou bien dans les endroits où il y avoit des baies ; de sorte que l’on en conclut que ces ouvrages étoient jadis sur les bords du lac Érié, qui en est aujourd’hui à deux et à cinq milles au nord. On dit que plus au sud il y a une autre chaîne de forts, qui court parallèlement à la première, et à la même distance de celle-ci que celle-ci l’est du lac. Dans cet endroit le sol offre deux différents plateaux ou partages du sol, qui est une vallée intermédiaire ou d’alluvion ; l’un, le plus voisin du lac, est le plus bas, et, si je puis m’exprimer ainsi, le plateau secondaire ; le plus élevé, ou plateau primaire, est borné au sud par des collines et des vallées, où la nature offre son aspect ordinaire. Le terrain d’alluvion primaire a été formé par la première retraite du lac,