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geurs. C’est une mine que l’on n’a pas assez fouillée, et qui sous le seul rapport de la géographie et de l’histoire des peuples renferme des trésors.

Un moine Égyptien, dès le ve siècle de notre ère, parcourut l’Éthiopie et composa une topographie du monde chrétien ; un Arménien, du nom de Chorenenzis, écrivit un ouvrage géographique. L’historien des Goths, Jornandès, évêque de Ravenne, dans son histoire et dans son livre de Origine mundi, consigne, au vie siècle, des faits importants sur les pays du nord et de l’est de l’Europe. Le diacre Varnefrid publia une histoire des Lombards ; un autre Goth, l’Anonyme de Ravenne, donna un siècle plus tard la description générale du monde. L’apôtre de l’Allemagne, saint Boniface, envoyoit au pape des espèces de mémoires sur les peuples de l’Esclavonie. Les Polonois paroissent pour la première fois sous le règne d’Othon II, dans les huit livres de la précieuse Chronique de Ditmar. Saint Otton, évoque de Bemberg, sur l’invitation d’un ermite espagnol appelé Bernard, prêche la foi en parcourant la Prusse. Otton vit la Baltique, et fut étonné de la grandeur de cette mer. Nous avons malheureusement perdu le journal du voyage que fit, sous Louis le Débonnaire, en Suède et en Danemark Anscaire, moine de Corbie, à moins toutefois que ce journal, qui fut envoyé à Rome en 1260, n’existe dans la bibliothèque du Vatican. Adam de Brème a puisé dans cet ouvrage une partie de sa propre relation des royaumes du Nord ; il mentionne de plus la Russie, dont Kiow étoit la capitale, bien que dans les Sagas l’empire russe soit nommé Gardavike, et que Holmgard, aujourd’hui Novogorod, soit désigné comme la principale cité de cet empire naissant.

Giraud Barry, Dicuil retracent l’un le tableau de la principauté de Galles et de l’Irlande sous le règne de Henri II ; l’autre retourne à l’examen des mesures de l’empire romain sous Théodose.

Nous avons des cartes du moyen âge : un tableau topographique de toutes les provinces du Danemark, vers l’an 1231, sept cartes du royaume d’Angleterre et des îles voisines, dans le xiie siècle, et le fameux livre connu sous le nom de Doomsdaybook, entrepris par ordre de Guillaume le Conquérant. On trouve dans cette statistique le cadastre des terres cultivées, habitées ou désertes de l’Angleterre, le nombre des habitants libres ou serfs, et jusqu’à celui des troupeaux et des ruches d’abeilles. Sur ces cartes sont grossièrement dessinées les villes et les abbayes : si d’un côté ces dessins nuisent aux détails géographiques, d’un autre côté ils donnent une idée des arts de ce temps.

Les pèlerinages à la Terre Sainte forment une partie considérable des