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cent trente-quatre en 1820 ; l’Alabama de 1810 à 1820 est monté de dix mille habitants à cent vingt-sept mille neuf cent un.

Ainsi, la population des États-Unis s’est accrue de dix ans en dix ans, depuis 1790 jusqu’à 1820, dans la proportion de trente-cinq individus sur cent. Six années sont déjà écoulées des dix années qui se compléteront en 1830, époque à laquelle on présume que la population des États-Unis sera à peu près de douze millions huit cent soixante-quinze mille âmes ; la part de l’Ohio sera de huit cent cinquante mille habitants, et celle du Kentucky de sept cent cinquante mille.

Si la population continuoit à doubler tous les vingt-cinq ans, en 1855 les États-Unis auroient une population de vingt-cinq millions sept cent cinquante mille âmes : et vingt-cinq ans plus tard, c’est-à-dire en 1880, cette population s’élèveroit au-dessus de cinquante millions.

En 1821, le produit des exportations des productions indigènes et étrangères des États-Unis a monté à la somme de 64,974,382 dollars ; le revenu public dans la même année s’est élevé à 14,264,000 dollars ; l’excédant de la recette sur la dépense a été de 3,334,826 dollars. Dans la même année encore, la dette nationale étoit réduite à 89,204,236 dollars.

L’armée a été quelquefois portée à cent mille hommes : onze vaisseaux de ligne, neuf frégates, cinquante bâtiments de guerre de différentes grandeurs, composent la marine des États-Unis.

Il est inutile de parler des constitutions des divers États ; il suffit de savoir qu’elles sont toutes libres.

Il n’y a point de religion dominante ; mais chaque citoyen est tenu de pratiquer un culte chrétien : la religion catholique fait des progrès considérables dans les États de l’ouest.

En supposant, ce que je crois la vérité, que les résumés statistiques publiés aux États-Unis soient exagérés par l’orgueil national, ce qui resteroit de prospérité dans l’ensemble des choses seroit encore digne de toute notre admiration.

Pour achever ce tableau surprenant, il faut se représenter les villes comme Boston, New-York, Philadelphie, Baltimore, Savannah, la Nouvelle-Orléans, éclairées la nuit, remplies de chevaux et de voitures, offrant toutes les jouissances du luxe qu’introduisent dans leurs ports des milliers de vaisseaux ; il faut se représenter ces lacs du Canada, naguère si solitaires, maintenant couverts de frégates, de corvettes, de cutters, de barques, de bateaux à vapeur, qui se croisent avec les pirogues et les canots des Indiens, comme les gros navires et les galères avec les pinques, les chaloupes et les caïques dans les eaux du Bos-