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PRÉFACE[1].

Les voyages sont une des sources de l’histoire : l’histoire des nations étrangères vient se placer, par la narration des voyageurs, auprès de l’histoire particulière de chaque pays.

Les voyages remontent au berceau de la société : les livres de Moïse nous représentent les premières migrations des hommes. C’est dans ces livres que nous voyons le patriarche conduire ses troupeaux aux plaines de Chanaan, l’Arabe errer dans ses solitudes de sable, et le Phénicien explorer les mers.

Moïse fait sortir la seconde famille des hommes des montagnes de l’Arménie ; ce point est central par rapport aux trois grandes races, jaune, noire et blanche : les Indiens, les Nègres et les Celtes ou autres peuples du Nord.

Les peuples pasteurs se retrouvent dans Sem, les peuples commerçants dans Cham, les peuples militaires dans Japhet. Moïse peupla l’Europe des descendants de Japhet : les Grecs et les Romains donnent Japetus pour père à l’espèce humaine.

Homère, soit qu’il ait existé un poëte de ce nom, soit que les ouvrages qu’on lui attribue n’offrent qu’un recueil des traditions de la Grèce, Homère nous a laissé dans l’Odyssée le récit d’un voyage ; il nous transmet aussi les idées que l’on avoit dans cette première antiquité sur la configuration de la terre : selon ces idées, la terre représentoit un disque environné par le fleuve Océan. Hésiode a la même cosmographie.

  1. Obligé de resserrer un tableau immense dans le cadre étroit d’une préface, je crois pourtant n’avoir omis rien d’essentiel. Si cependant des lecteurs, curieux de ces sortes de recherches, désiroient en savoir davantage, ils peuvent consulter les savants ouvrages des d’Anville, des Robertson, des Gosselin, des Malte-Brun, des Walkenaër, des Pinkerton, des Rennel, des Cuvier, des Jomard, etc.