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et donne la chasse aux oiseaux et aux écureuils. Il charme l’oiseau par ses regards, c’est-à-dire qu’il l’effraye. Cet effet de la peur, qu’on a voulu nier, est aujourd’hui mis hors de doute : la peur casse les jambes à l’homme : pourquoi ne briseroit-elle pas les ailes à l’oiseau ?

Le serpent ruban, le serpent vert, le serpent piqué, prennent leurs noms de leurs couleurs et des dessins de leur peau ; ils sont parfaitement innocents et d’une beauté remarquable.

Le plus admirable de tous est le serpent appelé de verre, à cause de la fragilité de son corps, qui se brise au moindre contact. Ce reptile est presque transparent, et reflète les couleurs comme un prisme. Il vit d’insectes, et ne fait aucun mal : sa longueur est celle d’une petite couleuvre.

Le serpent à épines est court et gros. Il porte à la queue un dard dont la blessure est mortelle.

Le serpent à deux têtes est peu commun : il ressemble assez à la vipère ; toutefois ses têtes ne sont pas comprimées.

Le serpent siffleur est fort multiplié dans la Géorgie et dans les Florides. Il a dix-huit pouces de long ; sa peau est sablée de noir sur un fond vert. Lorsqu’on approche de lui, il s’aplatit, devient de différentes couleurs, et ouvre la gueule en sifflant. Il se faut bien garder d’entrer dans l’atmosphère qui l’environne ; il a le pouvoir de décomposer l’air autour de lui. Cet air imprudemment respiré fait tomber en langueur. L’homme attaqué dépérit, ses poumons se vicient, et au bout de quelques mois il meurt de consomption : c’est le dire des habitants du pays.

ARBRES ET PLANTES.

Les arbres, les arbrisseaux, les plantes, les fleurs, transportés dans nos bois, dans nos champs, dans nos jardins, annoncent la variété et la richesse du règne végétal en Amérique. Qui ne connoît aujourd’hui le laurier couronné de roses appelé Magnolia, le marronnier qui porte une véritable hyacinthe, le catalpa qui reproduit la fleur de l’oranger, le tulipier qui prend le nom de sa fleur, l’érable à sucre, le hêtre pourpre, le sassafras, et parmi les arbres verts et résineux, le pin du lord Weymouth, le cèdre de la Virginie, le baumier de Gilead, et ce cyprès de la Louisiane, aux racines noueuses, au tronc énorme, dont la feuille ressemble à une dentelle de mousse ? les lilas, les azaléas, les pompadouras ont enrichi nos printemps ; les aristoloches, les ustérias, les bignonias, les décumarias, les célustris, ont mêlé leurs fleurs, leurs fruits et leurs parfums à la verdure de nos lierres.

Les plantes à fleurs sont sans nombre : l’éphémère de Virginie,