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INTRODUCTION





PREMIER MÉMOIRE


Je diviserai cette Introduction en deux mémoires : dans le premier, je prendrai l’histoire de Sparte et d’Athènes à peu près au siècle d’Auguste, et je la conduirai jusqu’à nos jours. Dans le second, j’examinerai l’authenticité des traditions religieuses à Jérusalem.

Spon, Wheler, Fanelli, Chandler et Leroi ont, il est vrai, parlé du sort de la Grèce dans le moyen âge ; mais le tableau tracé par ces savants hommes est bien loin d’être complet. Ils se sont contentés des faits généraux, sans se fatiguer à débrouiller la Byzantine ; ils ont ignoré l’existence de quelques Voyages au Levant : en profitant de leurs travaux, je tâcherai de suppléer à ce qu’ils ont omis.

Quant à l’histoire de Jérusalem, elle ne présente aucune obscurité dans les siècles barbares ; jamais on ne perd de vue la ville sainte. Mais lorsque les pèlerins vous disent : " Nous nous rendîmes au tombeau de Jésus-Christ, nous entrâmes dans la grotte où le Sauveur du monde répandit une sueur de sang, etc., etc., " un lecteur peu crédule pourrait s’imaginer que les pèlerins sont trompés par des traditions incertaines : or, c’est un point de critique que je me propose de discuter dans le second mémoire de cette Introduction.

Je viens à l’histoire de Sparte et d’Athènes :


Lorsque les Romains commencèrent à se montrer dans l’Orient, Athènes se déclara leur ennemie, et Sparte embrassa leur fortune. Sylla brûla le Pirée et Munychie1 ; il saccagea la ville de Cécrops, et fit un si grand massacre des citoyens, que le sang, dit Plutarque2, remplit tout le Céramique, et regorgea par les ports.