Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/497

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Bossuet a renfermé toute cette histoire en quelques pages, mais ces pages sont sublimes :

" Cependant la jalousie des pharisiens et des prêtres le mène à un supplice infâme ; ses disciples l’abandonnent ; un d’eux le trahit ; le premier et le plus zélé de tous le renie trois fois. Accusé devant le conseil, il honore jusqu’à la fin le ministère des prêtres et répond en termes précis au pontife qui l’interrogeait juridiquement ; mais le moment était arrivé où la synagogue devait être réprouvée. Le pontife et tout le conseil condamnent Jésus-Christ, parce qu’il se disait le Christ, Fils de Dieu. Il est livré à Ponce-Pilate, président romain : son innocence est reconnue par son juge, que la politique et l’intérêt font agir contre sa conscience : le Juste est condamné à mort : le plus grand de tous les crimes donne lieu à la plus parfaite obéissance qui fut jamais : Jésus, maître de sa vie et de toutes choses, s’abandonne volontairement à la fureur des méchants et offre ce sacrifice qui devait être l’expiation du genre humain. A la croix, il regarde dans les prophéties ce qui lui restait à faire : il l’achève et dit enfin : " Tout est consommé. "

" A ce mot, tout change dans le monde : la loi cesse, les figures passent, les sacrifices sont abolis par une oblation plus parfaite. Cela fait, Jésus-Christ expire avec un grand cri : toute la nature s’émeut ; le centurion qui le gardait, étonne d’une telle mort, s’écrie qu’il est vraiment le Fils de Dieu, et les spectateurs s’en retournent frappant leur poitrine. Au troisième jour il ressuscite ; il paraît aux siens qui l’avaient abandonné et qui s’obstinaient à ne pas croire sa résurrection. Ils le voient, ils lui parlent, ils le touchent, ils sont convaincus. (…)

" Sur ce fondement, douze pécheurs entreprennent de convertir le monde entier, qu’ils voient si opposé aux lois qu’ils avaient à lui prescrire et aux vérités qu’ils avaient à lui annoncer. lis ont ordre de commencer par Jérusalem, et de là de se répandre par toute la terre, pour instruire toutes les nations et les baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Jésus-Christ leur promet d’être avec eux jusqu’à la consommation des siècles, et assure par cette parole la perpétuelle durée du ministère ecclésiastique. Cela dit, il monte aux cieux en leur présence. " (N.d.A.)



" Voyant le roi qui avoit la maladie de l’ost et la menaison, comme les autres que nous laissions, se fût bien garanti s’il eût voulu ès grands gallées ; mais il disoit qu’il aimoit mieux mourir que laisser son peuple : il nous commença à hucher et à crier que demeurassions, et nous tiroit de bons garrots