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Celles-ci auraient donc porté également le nom de Cavernes royales et de Sépulcre d’Hérode. Dans ce cas cet Hérode ne serait point Hérode l’Ascalonite, mais Hérode le Tétrarque. Ce dernier prince était presque aussi magnifique que son père : il avait fait bâtir deux villes, Séphoris et Tibériade ; et quoiqu’il fût exilé à Lyon par Caligula 44. , il pouvait très bien s’être préparé un cercueil dans sa patrie : Philippe son frère lui avait donné le modèle de ces édifices funèbres.

Nous ne savons rien des monuments dont Agrippa embellit Jérusalem.

Voilà ce que j’ai pu trouver de plus satisfaisant sur cette question ; j’ai cru devoir la traiter à fond, parce qu’elle a jusque ici été plutôt embrouillée qu’éclaircie par les critiques Les anciens pèlerins qui avaient vu le sépulcre d’Hélène l’ont confondu avec les cavernes royales. Les voyageurs modernes, qui n’ont point retrouvé le tombeau de la reine d’Adiabène, ont donné le nom de ce tombeau aux sépultures des princes de la maison d’Hérode. Il est résulté de tous ces rapports une étrange confusion : confusion augmentée par l’érudition des écrivains pieux qui ont voulu ensevelir les rois de Juda dans les grottes royales, et qui n’ont pas manqué d’autorités.

La critique de l’art ainsi que les faits historiques nous obligent à ranger les sépulcres des rois dans la classe des monuments grecs à Jérusalem. Ces sépulcres étaient très nombreux, et la postérité d’Hérode finit assez vite ; de sorte que plusieurs cercueils auront attendu vainement leurs maîtres : il ne manquait plus, pour connaître toute la vanité de notre nature, que de voir les tombeaux d’hommes qui ne sont pas nés. Rien, au reste, ne forme un contraste plus singulier que la frise charmante sculptée par le ciseau de la Grèce sur la porte de ces chambres formidables où reposaient les cendres des Hérode. Les idées les plus tragiques s’attachent à la mémoire de ces princes ; ils ne nous sont bien connus que par le meurtre de Mariamne, le massacre des innocents, la mort de saint Jean-Baptiste et la condamnation de Jésus-Christ. On ne s’attend donc point à trouver leurs tombeaux embellis de guirlandes légères, au milieu du site effrayant de Jérusalem, non loin du temple où Jéhovah rendait ses terribles oracles, et près de la grotte où Jérémie composa ses Lamentations.

M. Casas a très bien représenté ces monuments dans son Voyage pittoresque de la Syrie : je ne connais point l’ouvrage, plus récent, de M. Mayer. La plupart des voyages en Terre Sainte sont accompagnés de gravures et de vignettes. Il faut distinguer celles de la