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Après la description de la voie Douloureuse et de l’église du Saint-Sépulcre, je ne dirai qu’un mot des autres lieux de dévotion que l’on trouve dans l’enceinte de la ville. Je me contenterai de les nommer dans l’ordre où je les ai parcourus pendant mon séjour à Jérusalem.

  1. La maison d’Anne le pontife, près de la porte de David, au pied du mont Sion, en dedans du mur de la ville : les Arméniens possèdent l’église bâtie sur les ruines de cette maison ;
  2. Le lieu de l’apparition du Sauveur à Marie-Madeleine, Marie mère de Jacques, et Marie Salomé, entre le château et la porte du mont Sion ;
  3. La maison de Simon le pharisien Madeleine y confessa ses erreurs ; c’est une église totalement ruinée, à l’orient de la ville ;
  4. Le monastère de sainte Anne, mère de la sainte Vierge, et la grotte de la Conception immaculée, sous l’église du monastère : ce monastère est converti en mosquée, mais on y entre pour quelques médins. Sous les rois chrétiens, il était habité par des religieuses. Il n’est pas loin de la maison de Simon ;
  5. La prison de saint Pierre, près du Calvaire ; ce sont de vieilles murailles, où l’on montre des crampons de fer ;
  6. La maison de Zébédée, assez près de la prison de saint Pierre, grande église qui appartient au patriarche grec ;
  7. La maison de Marie, mère de Jean-Marc, où saint Pierre se retira lorsqu’il eut été délivré par l’ange : c’est une église desservie par les Syriens ;
  8. Le lieu du martyre de saint Jacques le Majeur : c’est le couvent des Arméniens ; l’église en est fort riche et fort élégante. Je parlerai bientôt du patriarche arménien.

Le lecteur a maintenant sous les yeux le tableau complet des monuments chrétiens dans Jérusalem Nous allons à présent visiter les dehors de la ville sainte.

J’avais employé deux heures à parcourir à pied la voie Douloureuse. J’eus soin chaque jour de revoir ce chemin sacré ainsi que l’église du Calvaire, afin qu’aucune circonstance essentielle n’échappât à ma mémoire. Il était donc deux heures quand j’achevai, le 7 octobre, ma première revue des saints lieux. Je montai à cheval avec Ali-Aga, le drogman Michel et mes domestiques. Nous sortîmes par la porte de Jaffa pour faire le tour complet de Jérusalem. Nous étions couverts d’armes, habillés à la française, et très décidés à ne souffrir aucune insulte. On voit que les temps sont bien changés, grâce au renom de nos victoires ; car l’ambassadeur Deshayes, sous Louis XIII, eut toutes les peines du monde à obtenir la permission d’entrer à Jérusalem avec son épée.