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femme infortunée ! en quels lieux êtes-vous conduite, entourée des armes d’Hector et des dépouilles de la Phrygie ?…

Andromaque.
« O douleurs !
Hécube.
« Mes enfants !
Andromaque.
« Infortunée !
Hécube.
« Et mes enfants !…
Andromaque.
« Accours, mon époux ! ..
Hécube.
« Oui, viens, fléau des Grecs ! O le premier de mes enfants ! Rends à Priam dans les fers celle qui sur la terre lui fut si tendrement unie.
Le chœur.
« Il ne nous reste que nos regrets et les larmes que nous versons sur ces ruines. Les douleurs ont succédé aux douleurs… Troie a subi le joug de l’esclavage.
Hécube.
« Ainsi le palais où je devins mère est tombé !
Le chœur.
« O mes enfants ! votre patrie est changée en désert 2.  ! etc. »

Tandis que je m’occupais des douleurs d’Hécube, les descendants des Grecs avaient encore l’air, sur notre vaisseau, de se réjouir de la mort de Priam. Deux matelots se mirent à danser sur le pont, au son d’une lyre et d’un tambourin : ils exécutaient une espèce de pantomime. Tantôt ils levaient les bras au ciel, tantôt ils appuyaient une de leurs mains sur le côté, étendant l’autre main comme un orateur qui prononce une harangue. Ils portaient ensuite cette même main au cœur, au front et aux yeux. Tout cela était entremêlé d’attitudes plus ou moins bizarres, sans caractère décidé et assez semblables aux contorsions des sauvages. On peut voir au sujet des danses des Grecs modernes les lettres de M. Guys et de Mme Chénier. A cette pantomime succéda une ronde où la chaîne, passant et repassant par différents points, rappelait