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Ménélaïons. Derrière ces monts s’élève la barrière des hautes montagnes qui bordent au loin le golfe d’Argos.

Dans cette vue à l’est, entre la citadelle et l’Eurotas, en portant les yeux nord et sud par l’est, parallèlement au cours du fleuve, on placera la tribu des Limnates, le temple de Lycurgue, le palais du roi Démarate, la tribu des Egides et celle des Messoates, un des Lesché, le monument de Cadmus, les temples d’Hercule, d’Hélène, et le Plataniste. J’ai compté dans ce vaste espace sept ruines debout et hors de terre, mais tout à fait informes et dégradées. Comme je pouvais choisir, j’ai donné à l’un de ces débris le nom du temple d’Hélène ; à l’autre celui du tombeau d’Alcman : j’ai cru voir les monuments héroïques d’Egée et de Cadmus ; je me suis déterminé ainsi pour la fable, et n’ai reconnu pour l’histoire que le temple de Lycurgue. J’avoue que je préfère au brouet noir et à la Cryptie la mémoire du seul poète que Lacédémone ait produit, et la couronne de fleurs que les filles de Sparte cueillirent pour Hélène dans l’île du Plataniste :

O ubi campi,
Sperchiusque et virginibus bacchata Lacaenis,
Taygeta !

En regardant maintenant vers le nord, et toujours du sommet de la citadelle, on voit une assez haute colline qui domine même celle où la citadelle est bâtie, ce qui contredit le texte de Pausanias. C’est dans la vallée que forment ces deux collines que devaient se trouver la place publique et les monuments que cette dernière renfermait, tels que le Sénat des Gérontes, le Chœur, le Portique des Perses, etc. Il n’y a aucune ruine de ce côté. Au nord-ouest s’étendait la tribu des Cynosures, par où j’étais entré à Sparte, et où j’ai remarqué le long mur.

Tournons-nous à présent à l’ouest, et nous apercevrons, sur un terrain uni, derrière et au pied du théâtre, trois ruines, dont l’une est assez haute et arrondie comme une tour : dans cette direction se trouvaient la tribu des Pitanates, le Théomélide, les tombeaux de Pausanias et de Léonidas, le Lesché des Crotanes et le temple de Diane Isora.

Enfin, si l’on ramène ses regards au midi, on verra une terre inégale que soulèvent çà et là des racines de murs rasés au niveau du sol. Il faut que les pierres en aient été emportées, car on ne les aperçoit point à l’entour. La maison de Ménélas s’élevait dans cette perspective ; et plus loin, sur le chemin d’Amyclée, on rencontrait le temple des Dioscures et des Grâces. Cette description deviendra plus intelligible si le lecteur veut avoir recours à Pausanias ou simplement au Voyage d’Anacharsis.