du flanc d’un rocher ; un saule pleureur l’ombrage au-dessus, et au-dessous s’élève un immense platane autour duquel on s’assied sur des nattes pour prendre le café. Je ne sais d’où ce saule pleureur a été apporté à Misitra ; c’est le seul que j’aie vu en Grèce 16. L’opinion commune fait, je crois, le salix babylonica originaire de l’Asie Mineure, tandis qu’il nous est peut-être venu de la Chine à travers l’Orient. Il en est de même du peuplier pyramidal, que la Lombardie a reçu de la Crimée et de la Géorgie, et dont la famille a été retrouvée sur les bords du Mississipi, au-dessus des Illinois.
Il y a beaucoup de marbres brisés et enterrés dans les environs de la fontaine de Parori : plusieurs portent des inscriptions dont on aperçoit des lettres et des mots ; avec du temps et de l’argent, peut-être pourrait-on faire dans cet endroit quelques découvertes : cependant il est probable que la plupart de ces inscriptions auront été copiées par l’abbé Fourmont, qui en recueillit trois cent cinquante dans la Laconie et dans la Messénie.
Suivant toujours à mi-côte le flanc du Taygète, nous rencontrâmes une seconde fontaine appelée Πανθάλμα, Panthalama, qui tire son nom de la pierre d’où l’eau s’échappe. On voit sur cette pierre une sculpture antique d’une mauvaise exécution, représentant trois nymphes dansant avec des guirlandes. Enfin nous trouvâmes une dernière fontaine nommée Τριζέλλα, Tritzella, au-dessus de laquelle s’ouvre une grotte qui n’a rien de remarquable 17. On reconnaîtra, si l’on veut, la Dorcia des anciens dans l’une de ces trois fontaines ; mais alors elle serait placée beaucoup trop loin de Sparte.
Là, c’est-à-dire à la fontaine Tritzella, nous nous trouvions derrière Misitra et presque au pied du château ruiné qui commande la ville. Il est placé au haut d’un rocher de forme quasi pyramidale. Nous avions employé huit heures à toutes nos courses, et il était quatre heures de l’après-midi. Nous quittâmes nos chevaux, et nous montâmes à pied au château par le faubourg des Juifs, qui tourne en limaçon autour du rocher jusqu’à la base du château. Ce faubourg a été entièrement détruit par les Albanais ; les murs seuls des maisons sont restés debout, et l’on voit à travers les ouvertures des portes et des fenêtres la trace des flammes qui ont dévoré ces anciennes retraites de la misère. Des enfants, aussi méchants que les Spartiates dont ils descendent, se cachent dans ces ruines, épient le voyageur, et au moment où il passe font crouler sur lui des pans de murs et des