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Sous le règne de Charlemagne196, au commencement du IXe siècle, le calife Haroun-al-Raschid céda à l’empereur français la propriété du Saint-Sépulcre. Charles envoyait des aumônes en Palestine, puisqu’un de ses Capitulaires reste avec cet énoncé : De Eleemosyna mittenda ad Jerusalem. Le patriarche de Jérusalem avait réclamé la protection du monarque d’Occident. Eginhard ajoute que Charlemagne protégeait les chrétiens d’outre-mer197. A cette époque les pèlerins latins possédaient un hospice au nord du Temple de Salomon, près du couvent de Sainte-Marie, et Charlemagne avait fait don à cet hospice d’une bibliothèque. Nous apprenons ces particularités de Bernard le Moine, qui se trouvait en Palestine vers l’an 870. Sa relation, fort détaillée, donne toutes les positions des lieux saints198.

Elie, troisième du nom, patriarche de Jérusalem, écrivit à Charles le Gros au commencement du Xe siècle199. Il lui demandait des secours pour le rétablissement des églises de Judée : " Nous n’entrerons point, dit-il, dans le récit de nos maux ; ils vous sont assez connus par les pèlerins qui viennent tous les jours visiter les saints lieux, et qui retournent dans leur patrie200. "

Le XIe siècle, qui finit par les Croisades, nous donne plusieurs voyageurs en Terre Sainte. Oldéric, évêque d’Orléans, fut témoin de la cérémonie du feu sacré au Saint-Sépulcre201. Il est vrai que la Chronique de Glaber doit être lue avec précaution ; mais ici il s’agit d’un fait et non d’un point de critique. Allatius, in Symmictis sive Opusculis, etc., nous a conservé l’ Itinéraire de Jérusalem du Grec Eugisippe. La plupart des lieux saints y sont décrits, et ce récit est conforme à tout ce que nous connaissons. Guillaume le Conquérant envoya dans le cours de ce siècle des aumônes considérables en Palestine. Enfin, le voyage de Pierre l’Ermite202, qui eut un si grand résultat, et les Croisades elles-mêmes prouvent à quel point le monde était occupé de cette religion lointaine, où s’opéra le mystère du salut.

Jérusalem203 demeura entre les mains des princes français l’espace de quatre-vingt-huit ans ; et durant cette période les historiens