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Sainte depuis le Voyage d’Arculfe jusqu’à mon Itinéraire, et l’on verra que les pèlerins ont constamment retrouvé et décrit les lieux marqués par saint Jérôme. Certes, voilà du moins une belle et imposante antiquité.

Une preuve que les pèlerinages à Jérusalem avaient précédé le temps même de saint Jérôme, comme le dit très bien le savant docteur, se tire de l’ Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem. Cet Itinéraire, selon les meilleurs critiques, fut composé en 333, pour l’usage des pèlerins des Gaules172. Mannert173 pense que c’était un tableau de route pour quelque personne chargée d’une mission de prince : il est bien plus naturel de supposer que cet Itinéraire avait un but général ; cela est d’autant plus probable que les lieux saints y sont décrits.

Il est certain que saint Grégoire de Nysse blâme déjà l’abus des pèlerinages à Jérusalem174. Lui-même avait visité les saints lieux en 379 ; il nomme en particulier le Calvaire, le Saint-Sépulcre, la montagne des Oliviers et Bethléem. Nous avons ce Voyage parmi les œuvres du saint évêque, sous le titre de Iter Hierosolymoe. Saint Jérôme cherche aussi à détourner saint Paulin du pèlerinage de Terre Sainte175.

Ce n’étaient pas seulement les prêtres, les solitaires, les évêques, les docteurs, qui se rendaient de toutes parts en Palestine à l’époque dont nous parlons ; c’étaient des dames illustres, et jusqu’à des princesses et des impératrices : j’ai déjà nommé sainte Paule et sainte Eustochie ; il faut compter encore les deux Mélanie176. Le monastère de Bethléem se remplit des plus grandes familles de Rome, qui fuyaient devant Alaric177. Cinquante ans auparavant, Eutropie, veuve de Maximien Hercule, avait fait le voyage des saints lieux et détruit les restes de l’idolâtrie qui se montraient encore à la foire du Térébinthe, près d’Hébron.

Le siècle qui suivit celui de saint Jérôme ne nous laisse point perdre de vue le Calvaire : c’était alors que Théodoret écrivait son Histoire ecclésiastique, où nous retrouvons souvent la chrétienne