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LES MARTYRS.

cou comme un carcan d’or ; ils s’enivrent à des tables sacriléges ; ils rient, ils dorment, comme s’ils n’avoient point fait de mal ; ils meurent tranquillement sur la couche qu’ils ont ravie à la veuve et à l’orphelin ; mais où vont-ils ?

« L’insensé a dit dans son cœur : « Il n’y a point de Dieu ! » Que Dieu se lève ! que ses ennemis soient dissipés ! Il s’avance : les colonnes du ciel sont ébranlées, le fond des eaux et les entrailles de la terre sont mis à nu devant le Seigneur. Un feu dévorant sort de sa bouche : il prend son vol, monté sur les chérubins ; il lance de toutes parts ses flèches embrasées ! Où sont-ils, les enfants des impies ? Sept générations se sont écoulées depuis l’iniquité des pères, et Dieu vient visiter les enfants dans sa fureur ; il vient au temps marqué punir un peuple coupable ; il vient réveiller les méchants dans leurs palais de cèdre et d’aloès, et confondre le fantôme de leur rapide félicité.

« Heureux celui qui, passant avec larmes dans les vallées, cherche Dieu comme la source des bénédictions ! Heureux celui à qui les iniquités sont pardonnées, et qui trouve la gloire dans la pénitence ! Heureux celui qui élève en silence l’édifice de ses bonnes œuvres, comme le temple de Salomon, où l’on n’entendoit ni les coups de la cognée, ni le bruit du marteau, tandis que l’ouvrier respectueux bâtissoit la maison du Seigneur. Vous tous qui mangez sur la terre le pain des larmes, répétez à la louange du Très-Haut le saint cantique :

« Gloire à Dieu, dans les hauteurs du ciel ! »


fin du livre troisième