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27e. — page 330.

Je suis chrétien, je demande le combat.

Rien n’étoit plus commun que de voir des chrétiens se dénoncer tout à coup eux-mêmes, à l’aspect des tourments qu’on faisoit souffrir à leurs frères. Dorothée meurt ici, comme Polyeucte, en renversant les idoles : l’ardeur de son zèle, ses imprécations contre les idoles et les idolâtres, forment contraste avec la patience, la résignation et la modération d’Eudore.


28e. — page 330.

Le pont qui conduisoit du palais, etc.

On prétend que Titus se rendoit de son palais à l’amphithéâtre par un pont que l’on abaissoit. On montre à tous les voyageurs l’endroit où ce pont tomboit sur le mur du Colisée.


29e. — page 331.

Eudore craignoit qu’une mort aussi chaste, etc.

Quelques personnes auroient voulu qu’Eudore ne laissât pas échapper cette espèce de dernier soupir de la foiblesse humaine : il me semble, au contraire, que l’action d’Eudore est conforme à la nature, sans blesser en rien la religion. Lorsque sainte Perpétue marcha au martyre, « elle tenoit les yeux baissés, disent les Actes, de peur que leur grand brillant ne fît, contre sa volonté, ces effets surprenants qu’on sait que deux beaux yeux sont capables de faire. » (Act. Martyr., in sanct. Perpet., traduct. de Maupertuys, t. I, p. 463.) Ceci, je pense, me justifie assez sous les rapports religieux ; car c’est un sentiment tout semblable qu’éprouve Eudore lorsqu’il ne veut pas que la mort de Cymodocée soit souillée par l’ombre d’une pensée impure, même dans les autres. J’espère aussi que ce n’est pas l’expression qu’on me reproche ; l’expression des Actes de sainte Perpétue est un peu plus franche et plus naïve que la mienne. Seroit-ce le dernier mouvement d’un amour chaste qui brûle dans le cœur d’un époux pour son épouse que l’on blâmeroit dans cette action ? Que penserons-nous alors de l’Olinde du Tasse, qui, attaché sur le bûcher du martyre avec Sophronie, entretient, non son épouse, mais son amante, de la passion qu’il sent pour elle ? Il faudroit bien, quand on se mêle de critiquer, savoir au moins ce que l’on dit, connoître les autorités, et ne pas courir les risques de montrer à la fois son défaut de jugement, son ignorance ou son manque de bonne foi.


30e. — page 331.

On le voyoit debout, etc.

« On voyoit, dit Eusèbe, un jeune homme au-dessous de vingt ans qui