Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/551

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


23e. — page 268.

Il vouloit engager Dioclétien, etc.

On verra Eudore se reprocher ce dessein comme criminel, mais ce dessein entretient l’espérance dans l’esprit du lecteur jusqu’au dernier moment, et rappelle en même temps le trait le plus connu et le plus frappant de l’histoire de Dioclétien. Il falloit d’ailleurs, selon la règle dramatique, que le héros fût coupable d’une légère faute.


24e. — page 268.

Ils s’aperçurent bientôt, etc.

En passant en Amérique avec des prêtres qui fuyoient la persécution, j’ai été témoin d’une scène à peu près pareille. Quand il survenoit un orage, les matelots se confessoient aux mêmes hommes qu’ils venoient d’insulter.


25e. — page 268.

Le Sauveur aperçoit le vaisseau de Cymodocée, etc.

L’intervention du merveilleux étoit absolument nécessaire ici. Sans blesser toutes les convenances, et même toutes les vraisemblances, Cymodocée ne pouvoit aller de son propre mouvement chercher Eudore en Italie ; mais le ciel, qui veut le triomphe de la croix, conduit cette innocente victime au lieu du sacrifice.


26e. — page 269.

Le vent, qui jusqu’alors, etc.

Je ne peins dans ce naufrage que ma propre aventure. En revenant de l’Amérique, je fus accueilli d’une tempête de l’ouest qui me conduisit en vingt-un jours de l’embouchure de la Delaware à l’île d’Origny, dans la Manche, et fit toucher le vaisseau sur un banc de sable. Dans mon dernier voyage sur mer, j’ai mis soixante-deux jours à aller d’Alexandrie à Tunis ; toute cette traversée, au milieu de l’hiver, fut une espèce de continuel naufrage ; nous vîmes périr trois gros vaisseaux sur Malte, et le nôtre étoit le quatrième en danger. C’est peut-être acheter un peu cher le plaisir de ne peindre que d’après nature.


27e. — page 269.

Les flots se dérouloient avec uniformité.

Il faut l’avouer : au milieu des plus furieuses tempêtes, je n’ai point remarqué ce chaos, ces montagnes d’eau, ces abîmes, ce fracas qu’on voit dans les