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9e. — page 182.

Dansent avec des chaînes de fleurs autour du démon de la volupté.

Ce tableau est justifié par une grande autorité, celle du Tasse. Ces effets de magie se retrouvent dans le palais d’Armide, où l’on voit des démons nager dans les fontaines sous la forme de nymphes ; des oiseaux chanter dans un langage humain, la puissance de la volupté, etc. Un rossignol, qui ne fait que soupirer, est bien loin de l’oiseau des jardins d’Armide. J’ai donc suivi aussi les traditions poétiques : si j’ai tort, j’ai tort avec le Tasse et même avec Voltaire, qui dans un sujet tout à fait chrétien n’a pas laissé que de décrire une Idalie et un temple de l’Amour.


10e. — page 183.

Et quand ta mère te donna le jour au milieu des lauriers et des bandelettes.

On couvroit le lit des femmes nouvellement accouchées, de fleurs, de lauriers, de bandelettes et de divers présents.


11e. — page 183.

Ne pourroit-elle devenir ton épouse sans embrasser la foi, etc.

Idée fort naturelle dans Démodocus. La réponse d’Eudore est d’un vrai chrétien : il s’est montré foible pour la vie de Cymodocée, l’héroïsme chrétien reparoît ici ; car Eudore, qui pas la force d’exposer les jours d’une femme aimée, a la force, beaucoup plus grande, de renoncer à l’amour de cette femme. Ce morceau suffisoit seul pour mettre hors de doute l’effet religieux de l’ouvrage et les principes qui l’ont dicté.


12e. — page 184.

Il jure, par le lit de fer des Euménides, que ta fille passera dans sa couche.

Voilà tout le nœud des Martyrs, et ce que les critiques éclairés auroient autrefois cherché pour applaudir à l’ouvrage ou pour le blâmer, sans se perdre dans des lieux communs sur l’épopée en prose, sur le merveilleux chrétien.

Ce passage et l’exposition du premier livre détruisent absolument la critique de ceux qui s’attendrissent sur le compte de Démodocus et de Cymodocée pour jeter de l’odieux sur les chrétiens. Ce ne sont point les chrétiens qui ont fait le malheur de cette famille païenne ; le prêtre d’Homère et sa fille auroient