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sateur public étoit écouté. S’il prouvoit que la conduite du mort eût été mauvaise, on en condamnoit la mémoire, et il étoit privé de sépulture. Le peuple admiroit le pouvoir des lois, qui s’étendoit jusque après la mort ; et chacun, touché de l’exemple, craignoit de déshonorer sa mémoire et sa famille. Que si le mort n’estoit convaincu d’autre faute, on l’ensevelissoit honorablement.

« Ce qu’il y a de plus étonnant dans cette enquête publique établie contre les morts, c’est que le trône même n’en mettoit pas à couvert. Les rois étoient épargnés pendant leur vie : le repos public le vouloit ainsi ; mais ils n’étoient pas exempts du jugement qu’il falloit subir après la mort, et quelques-uns ont été privés de sépulture. » (Rollin, Hist. des Égypt.)


35e. — page 157.

Où l’on empruntoit en livrant pour gage le corps d’un père.

« Sous le règne d’Asychis, comme le commerce souffroit de la disette d’argent, il publia, me dirent-ils, une loi qui défendoit d’emprunter, à moins qu’on ne donnât pour gage le corps de son père. On ajouta à cette loi que le créancier auroit aussi en sa puissance la sépulture du débiteur, et que si celui-ci refusoit de payer la dette pour laquelle il auroit hypothéqué un gage si précieux, il ne pourroit être admis, après sa mort, dans la sépulture de ses pères, ni dans quelque autre, et qu’il ne pourroit, après le trépas d’aucun des siens, leur rendre cet honneur. » (Hérodote, liv. ii, traduct. de M. Larcher.)


36e. — page 157.

Où le père qui avoit tué son fils, etc.

« On ne faisoit pas mourir les parents qui avoient tué leurs enfants, mais on leur faisoit tenir leurs corps embrassés trois jours et trois nuits de suite, au milieu de la garde publique qui les environnoit. » (Diodore, liv. ii, traduction de Terrasson.)


37e. — page 157.

Où l’on promenoit un cercueil autour de la table du festin.

« Aux festins qui se font chez les riches, on porte, après le repas, autour de la salle un cercueil avec une figure en bois, si bien travaillée et si bien peinte, qu’elle représente parfaitement un mort. Elle n’a qu’une coudée ou deux au plus. On la montre à tous les convives tour à tour, en leur disant : Jetez les yeux sur cet homme, vous lui ressemblerez après votre mort : buvez donc maintenant et vous divertissez. » (Hérodote, liv. ii, traduct. de M. Larcher.)