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prudent Ulysse reçut d’Iphitus l’arc fatal aux amants de Pénélope, et Stényclare retentissant des chants de Tyrtée.

« Cresphonte, dit Pausanias, épousa Mérope… Les anciens rois de Messénie faisoient leur résidence à Andanies. » La belle tragédie de Voltaire a fait connoître Mérope à tous les lecteurs.

« Selon les Messéniens, dit encore Pausanias, Esculape étoit né à Tricca, village de Messénie. » Il y a d’autres traditions sur Esculape : j’ai suivi celle qui convenoit à mon sujet.

« On voit à Générie, dit toujours Pausanias, le tombeau de Machaon. »

Phères, où le prudent Ulysse reçut d’Iphitus l’arc fatal.

Voici le passage d’Homère :

« Cet arc étoit un don d’Iphitus, fils d’Euryte, semblable aux immortels. Iphite étoit venu dans la Messénie ; il rencontra Ulysse dans la maison du généreux Orsiloque. » (Odyss., liv. xxi.)

D’après cela j’ai cru pouvoir placer la circonstance du don de l’arc à Phères, puisque Orsiloque demeuroit à Phères, d’après le témoignage de Pausanias et d’Homère lui-même.

Et Stényclare retentissant des chants de Tyrtée.

J’ai lu Stényclare, au lieu de Stényclère, pour l’oreille. On sait que dans les guerres de Messénie les Lacédémoniens demandèrent un général aux Athéniens, et que ceux-ci leur envoyèrent Tyrtée, maître d’école, laid et boiteux. Les ennemis se rencontrèrent dans la plaine de Stényclare, à un endroit appelé le monument du Sanglier. Tyrtée étoit présent à l’action, et encourageoit les Lacédémoniens par des espèces d’élégies guerrières que toute l’antiquité a louées comme sublimes. Il nous reste quelques fragments des poésies de Tyrtée, dans la collection des petits poëtes grecs. (Poet. græc. min., page 334.)


18e. — page 18.

Ce beau pays, jadis soumis au sceptre de l’antique Nélée, présentoit une corbeille de verdure de plus de huit cents stades de tour

Nélée, chassé d’Iolchos, ville de Thessalie, se retira chez Apharéus, son cousin germain, qui régnoit en Messénie. Celui-ci lui donna Pylos et toute la côte maritime. Apharéus eut deux fils, Lyncée et Idas, qui firent la guorre aux Dioscures, et qui périrent dans cette guerre. La Messénie passa, par leur mort, sous la domination de Nestor, fils de Nélée. Quant à l’étendue de la Messénie, j’ai suivi le calcul de l’abbé Barthélemy, qui s’appuie de l’autorité de Strabon, liv. viii.