Livre Quatorzième.
Démodocus ferme en pleurant les portes du temple d’Homère. Il monte sur son char avec Cymodocée ; il traverse de nouveau la Messénie. Bientôt il arrive à la statue de Mercure placée à l’entrée de l’Herméum, et pénètre dans les défilés du Taygète. Des rochers entassés jusqu’au ciel formoient des deux côtés de grands escarpements stériles, au haut desquels croissoient à peine quelques sapins, comme des touffes d’herbe sur des tours et des murailles en ruine. Cachée parmi des genêts à demi brûlés et des sauges jaunissantes, l’importune cigale faisoit entendre son chant monotone sous les ardeurs du midi.
« Ma fille, disoit Démodocus, c’est par le même chemin que Lyciscus s’échappa, comme moi, avec sa fille vers Lacédémone, et sa fuite donna naissance à la tragique aventure d’Aristomène. Que de générations se sont écoulées pour nous amener à notre tour dans ces lieux solitaires ! Puisse le grand Jupiter nous envoyer quelque signe favorable et détourner de toi tous les malheurs ! »
À peine avoit-il prononcé ces mots, qu’un vautour à tête chauve tombe de la cime d’un arbre desséché sur une hirondelle ; un aigle fond du sommet des montagnes, il enlève le vautour dans ses serres puissantes : soudain l’éclair brille à l’orient, la foudre éclate, perce d’un trait enflammé le roi des airs et précipite sur la terre le vainqueur, le vaincu et leur victime. Démodocus, effrayé, cherche en vain